Retour à l'accueil





Thierry CAZALS & Vincent DELFOSSE

La volière vide



Deux auteurs pour un recueil. Deux auteurs dont la poésie se croise, dont la poésie faite de haïku dépasse la définition conventionnelle du haïku, dont le dire se mêle comme une adresse à deux voix. La poésie de Thierry Cazals est justifiée à gauche, la poésie de Vincent Delfosse est en cascade. Pour vous donner un exemple (pages 94 et 95) :

comptant les morts

sur les doigts

et bientôt sur les orteils

le silence

         déborde

un chardon en fleur


Si Thierry Cazals a été édité et publié en revue, je n’avais jamais lu quoique ce soit de Vincent Delfosse et je comprends que cela m’aurait été impossible, celui-ci est décédé à l’âge de 25 ans en 2007. Ceci est, à ma connaissance, sa première publication à titre posthume. Il y a au fil des pages des résonnances qui se font jour entre les deux poésies, deux mondes se côtoient, deux mondes se caressent, comme si (et ce n’est pas le cas) l’écriture avait été un mouvement de réponse au dire de l’autre, comme si l’une se nourrissait ou alimentait l’autre :
« ce qu’on avait ri »

l’ampoule éclaire

le plafond craquelé


fracas silencieux

des nuages

je raccroche le téléphone


Dans l’ensemble, La volière vide est de bonne tenue, avec des moments plus intenses que d’autres et une profondeur du dire de bonne facture. Cela se lit par petites touches, pour entendre au-delà des mots lus, pour découvrir la vibration entre les vers. Certains haïkus sont très beaux. Le livre est de belle apparence et le travail du graphiste est à remarquer. Les illustrations d’Erlina Doho sont à relever, elles apportent une petite touche pertinente avec la poésie lue. C’est un beau livre dans lequel on dirigera le regard de nombreuses fois, pour des voyages foisonnant.

Gilbert Desmée 
(22/06/09)    



Retour
sommaire
Poésie










Editions Liroli

138 pages – 13 €