La croyance dans les pouvoirs maléfiques est très forte et transparaît dans plusieurs nouvelles : elle peut mener jusqu'au meurtre de son propre fils, elle peut permettre de voyager rapidement d'un point à un autre sauf les jours où la magie ne fonctionne pas…

Beaucoup de béninois sont écartelés entre l'Europe et le pays de leur origine où ils retrouvent avec nostalgie les moments de fête de leur enfance comme peut l'être une vente aux enchères au village.
Les liens familiaux restent essentiels et les ascendants sont respectés ce qui oriente certaines vies.

La corruption existe et les comportements sont variés. Certains y cèdent et recherchent leur intérêt personnel à n'importe quel prix, d'autres y résistent et réalisent finalement qu'ils ont fait le bon choix. Parfois cela les mène tout de même en prison. La bureaucratie se mêle aussi à la mauvaise foi quand les policiers notent ce qui les arrange dans un constat d'accident ou quand des fonctionnaires n'indiquent pas les bonnes informations sur les formulaires concernant le paiement de l'impôt foncier. Cela peut expliquer l'origine d'un nom :
"L'Impopulaire ! Mon oncle s'était donné ce nom ! Drôle de nom, à vrai dire, pour un Boulagonais, pour le fils d'un pays où le nom témoigne, illustre et magnifie, où chaque tournant de l'existence est marqué d'un nom-devise. Vous l'admettrez, L'Impopulaire pose quelque peu problème. Certes, la colonisation a laissé son empreinte, ici comme ailleurs en Afrique. Quand elle apporta la vogue des prénoms de baptême, des hommes d'âge mûr se choisirent des prénoms expressifs : Clément, Prudence, Parfait... D'autres optèrent pour ceux aux consonances plus politiques : Authentique, Armistice, Fêt-Nat et même de Gaulle. Mais pourquoi mon oncle avait-il penché pour L'Impopulaire ? Que voulait-il manifester par ce choix ? Car il reste que le nom doit s'adapter à la personnalité de celui qui le porte, la résumer, la sublimer. Mon oncle était-il à ce point détestable pour choisir un tel nom ? Bien sûr que non. Il était, au contraire, l'un des hommes les plus affables et les plus aimés du village. D'une gaieté imperturbable !"

La compréhension des coutumes est difficile surtout lorsqu'un occidental arrive en pensant tout savoir sur tout. Cela le mène à bien des erreurs. Quand le respect de l'autre n'existe pas cela n'engendre que des problèmes et des incompréhensions.
Revenir au pays, retrouver la femme aimée, penser pouvoir la séduire de nouveau, c'est sans compter avec les "pouvoirs maléfiques".
Ne pas avoir d'enfant est très mal vécu au Bénin comme dans beaucoup de pays d'Afrique. La solution peut exister dans une confidence du médecin à sa patiente car la vérité n'est pas toujours à dire aux deux membres du couple.
Etre Africain et vouloir se comporter comme un Européen n'est pas toujours facile.
La dernière et treizième nouvelle est un "bonus" à lire uniquement si l'on n'est pas superstitieux.

L'écriture fluide nous entraîne avec bonheur sur ce continent africain chargé de richesses et de complexité. On retrouve des liens de nouvelles en nouvelles qui créent tout un univers que l'auteur nous offre sans complaisance mais avec la distance appropriée pour dénoncer certaines dérives tout en montrant la valeur des cérémonies et croyances qui peuvent s'expliquer de façon logique. Les nouvelles se lisent avec plaisir et nous plongent dans un univers flottant entre la réalité qui n'est pas toujours facile et les différents moyens de la vivre avec distance et humour. L'imagination et les pouvoirs magiques titillent la raison.

Brigitte Aubonnet 
(27/02/11)