Charles DANTZIG,
Les écrivains sont souvent les meilleurs des critiques, car ils pénètrent par sympathie au cœur même de l'acte créateur. Ainsi un paragraphe de En lisant, en écrivant, de Julien Gracq, est-il plus éclairant qu'une longue étude universitaire. On pourrait dire la même chose des articles qui composent le Dictionnaire égoïste de Charles Dantzig. Egoïste, ce gros ouvrage l'est par la subjectivité, voire la partialité qu'il revendique ; à travers les auteurs et les notions qu'il examine, ce sont aussi les goûts, voire les passions de l'auteur qu'il nous convie à explorer. On devine le plaisir qu'il a trouvé à prendre souvent le contre-pied des valeurs reconnues : si Proust et Balzac sont l'objet d'une admiration attentive, Colette est qualifiée de « dégueulasse » et Mauriac accusé d'être un romancier « paresseux ». Semblables partis pris peuvent être à l'origine de réévaluations salubres : Charles Dantzig a ainsi le grand mérite de réhabiliter Leconte de Lisle à une époque où le Parnasse est volontiers tourné en ridicule, ou de rendre sa place à Paul-Jean Toulet, que les manuels de littérature traitent comme un auteur mineur, alors que certains poèmes des Contrerimes comptent parmi les plus beaux de la langue françaises. De même, il n'est sans doute pas mauvais de démythifier les romans d'André Malraux. Sylvie Huguet
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Sommaire Lectures Editions Grasset 968 pages 28,50 € |
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