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Joël DICKER


La vérité sur l'Affaire Harry Quebert




Marcus Goldman est un jeune écrivain célèbre. Son premier roman a eu un succès fou et il s'est retrouvé propulsé au sommet de la gloire. Il ne lui reste que quelques mois pour publier son second roman et honorer le contrat qui le lie à son éditeur mais il se retrouve en panne d'inspiration.

L'angoisse de la page blanche le saisit et le pousse à chercher refuge chez son mentor, Harry Quebert, son ancien professeur, écrivain de grande renommée, habitant Aurora, un village tranquille du Massachusetts.

Alors qu'Harry veut faire des travaux de jardinage, on découvre dans sa propriété le corps d'une jeune fille disparue 35 ans auparavant et, coïncidence accablante, auprès du cadavre, les inspecteurs retrouvent Les Origines du mal, le manuscrit du chef-d'œuvre d'Harry. Il est aussitôt accusé du meurtre. Marcus sait qu'il entretenait une liaison avec la jeune fille et lorsque ce fait devient public, l'opprobre du pays s'abat sur lui.

Qui a tué Nola et qui était cette femme-enfant qui fit tourner la tête du grand écrivain ? Telles sont les questions auxquelles se trouve confronté Marcus, déterminé à découvrir la vérité. Mais parviendra-t-il à mener de front la résolution de ces énigmes et la rédaction de son nouveau roman ? A moins que le récit de son enquête ne devienne justement la trame de son livre...

Le lecteur suit la quête de Marcus, apprenti-détective et savoure ce périple drôle et plein de suspense qui lève le voile sur la vie d'Harry. On retrouve avec joie des clins d'œil littéraires. Harry, professeur émérite dont le passé est parcouru de zones d'ombre, évoque le héros de La tache de Philip Roth, patronyme qui est d'ailleurs attribué dans le roman à l'éditeur cynique qui gère la carrière de Marcus.
L'intrigue évoque parfois la Lolita de Nabokov, la virilité des écrivains qui construisent leurs récits comme des combats de boxe rappelle les films de Clint Eastwood et le suspense croissant se révèle digne de ceux d'Hitchcock.

C'est donc un pur plaisir de suivre ce roman à l'américaine, aux multiples influences. On se laisse duper avec plaisir par cette mise en abyme de la création littéraire. L'écrivain cherche-t-il la vérité comme semble l'indiquer le titre ou est-il le plus grand des imposteurs, cautionné par la complicité du lecteur ?

On se délecte des livres dont on parle, de ceux qu'on écrit et des recettes de Harry pour réaliser un chef-d'œuvre.
9. Les mots, c'est bien Marcus. Mais n'écrivez pas pour qu'on vous lise : écrivez pour être entendu.
15. Prenez un mot, et répétez-le dans un de vos livres, à tout bout de champ. Choisissons un mot au hasard : mouette. Les gens se mettront à dire, en parlant de vous : " tu sais bien, Goldman, c'est le type qui parle des mouettes" (...) Les mots sont à tout le monde, jusqu'à ce que vous prouviez que vous êtes capable de vous les approprier. Voilà ce qui définit un écrivain. Et vous verrez Marcus, certains voudront vous faire croire que le livre est un rapport aux mots, mais c'est faux : il s'agit en fait d'un rapport aux gens.

Ces remarques sont conçues comme des comptes à rebours jusqu'au dénouement et contiennent, qui sait, la clé de l'énigme.

Un livre drôle et intelligent sur la mystification littéraire, qui nous tient en haleine jusqu'à la dernière page.

Enora Bayec 
(25/12/12)    



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Éditions de Fallois
L'Âge d'Homme

(Septembre 2012)
670 pages - 22 €












Joël Dicker,
né à Genève en 1985, a publié son premier roman, Les derniers jours de nos pères, en janvier 2012 chez les mêmes éditeurs.


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