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Billy DRANTY


Derelictus



L’écriture de Billy Dranty pourrait vous paraître désincarnée, mais cela n’est pas vrai. Au contraire, l’écriture de ce poète met en chantier des cassures, des élisions, des suppressions, parfois des jeux de mots, toujours pour dire plus que ce qui est écrit. Cela nous donne une force dans l’écriture, une humanité dans le dire pour une poésie habitée de l’être loin de la mièvrerie. Chez ce poète, il y a quelque chose d’halluciné, de confronté à ses limites qui engendre tout un questionnement de l’être à la lecture. Rarement la vision de langage, dans l’écriture d’un poète, n’aura été à ce point extatique. Pourtant, la lecture, même si elle paraît heurtée au début par les cassures, les manques, petit à petit s’y fait et découvre l’ampleur du dire chez Billy Dranty. Ce recueil se divise en trois parties : L’où des gonds, Dru et Décollation. Derelictus aborde l’état d’un être qui vit l’abandon et la solitude morale. Voici un exemple pris dans la première partie :

A ;
(É)PELÉ

tête j’ai ma
où j’imagine ma
giration
adossé au fantôme mécanisé-tremens

un couperet d’échec

à découdre l’orifice imprenable

______

sur la plaie où s’activent des perlées de piverts
le rire du trépas tel une herbe qui paît

paupières shootées aux parois
étouffée de pelisse
puée d’accrocs

un poussin dans l’œuf de bronze


Un autre exemple pris dans la partie C de L’où des gonds :

C.
MACÉRATION

crevure puis écho-en mais
de quelle voix de fêter
un demain expurgé

crevaison manque d’aé
ration de raffermir le rationnement

fermoir qui me ferre dents
et sens activé de l’amas

mais de quel amadoué moi peu doué
de toi qui ne dira : cause perdue

cours des colles que gratte un désir
d’union
qu’un mot risque de suggérer
au bas mot comme
transe se met au pas

à la lenteur de savoir-pas


De ces deux exemples donnés, vous pouvez comprendre ce que je vous racontais à propos de l’écriture de Billy Dranty. La première surprise passée, vous entendez la puissance d’évocation de l’intime de l’être.

La deuxième partie, Dru, présente une écriture verticale de vers très courts. Décollation, la troisième partie, dans Dernier étiage est écrite en prose poétique et finit avec Embouffé dont l’écriture retrouve la verticalité.
Je vous encourage à lire Billy Dranty dont la poésie est intense, forte et sans concession.

Gilbert Desmée 
(22/08/09)    



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Poésie










Editions Fissile

112 pages - 13 €


Editions Fissile
21 grand'rue
09310 Les Cabannes