Dans ce deuxième volume de la collection Europa, on retrouve la famille Cavendish à Venise. Après les saumons de la Norvège (Dossier Mørden) nous voici au milieu des pigeons de la place Saint-Marc.
Christopher Cavendish, qu’on n’a pas beaucoup vu dans le premier volume (parce qu’il travaille à Dubaï) est en vacances avec sa femme Tiphaine et leurs deux enfants, Olivia et Jonathan.
Leur séjour commence avec une macabre surprise. Lorsqu’ils arrivent à proximité de l’appartement que des amis leur ont prêté, un attroupement attire leur attention.
Un murmure a parcouru la foule. Deux hommes en blouse blanche venaient d’apparaître sur le seuil de la maison. Les policiers ont fait reculer les curieux. Les deux infirmiers ont pu manœuvrer leur civière. Ils transportaient un corps. Dans une housse en plastique, fermée par une fermeture à glissière.
[…]
D'après ce que comprenait Tiphaine, le jeune Enzo, dix-sept ans, avait été retrouvé mort chez lui par Luca, un de ses amis, et par le grand-père, qui vivait dans le même immeuble, au deuxième étage. Luca, c'était le jeune blond beau comme un dieu, accroupi dos à la façade, à demi prostré. On parlait de suicide, d'overdose, d'empoisonnement. On parlait même d'un suicide par overdose ou empoisonnement…

Comme accueil on peut faire mieux.
Dès le lendemain, Olivia et Jonathan vont revoir Luca qui travaille comme gardien de musée à la Fondation Guggenheim. Et Luca va leur présenter Valentina, la petite amie d’Enzo.
Ils vont beaucoup parler du jeune homme décédé.

Enzo travaillait comme guide pour un hôtel mais il avait aussi été remarqué par un réalisateur, Allessandro Bianco, et il rêvait de devenir une vedette de cinéma.
Luca révèle aussi qu’Enzo avait toujours besoin d’argent et n’hésitait pas à voler. Récemment, un cambriolage a eu lieu chez une actrice et parmi les objets dérobés il y avait un Apollon au globe d’or. Globe d’or, Golden Globe d’Hollywood, il y a peut-être un rapport…

Entre deux balades avec les parents, Olivia et Jonathan mènent leur enquête et examinent toutes les hypothèses. L’overdose est vite éliminée parce qu’Enzo ne se droguait pas.
Alors un assassinat ? Luca par jalousie parce qu’il aurait lui aussi voulu faire du cinéma et se trouver à la place d’Enzo ? Valentina ? Pour quelle raison ?
Ils vont jusqu’à suspecter le grand-père d’Enzo ou un voisin plutôt étrange, Il discreto…

Comme dans le premier volume, on retrouve l’alternance de chapitres sur papier blanc et sur papier gris. Le blanc, c’est la narration "classique", extérieure aux personnages. Le gris, c’est le " log book", le journal de bord des deux ados qui y écrivent chacun leur tour. Là, ils se défoulent, s’interpellent, se moquent allègrement d’eux-mêmes et de leurs parents, émaillant ainsi le livre de petites touches d’humour comme cette image de leur mère : Chouchen visite les entrailles de son portable, on dirait une buse variable en train de dépecer le ventre d’un lapin ou ce reproche de Jonathan à sa sœur qui, comme en Norvège, est encore tombée amoureuse : Oui, tu es infernale, Olive, il faut t’arracher le log book pour avoir le droit d’écrire dedans. Je te rappelle qu’il est à nous deux. Et donc, si tu as besoin de parler de tes "vaporetti" du cœur, tu es priée d’aller écrire dans TON journal perso (si tu n’en as pas, c’est le moment de t’y mettre : ici, ça déborde de tous tes trucs-machins sur Luca. OK ?) !

L’ensemble est encore une fois très agréable à lire, mélange d’humour, d’enquête, de suspense, et de carnet de voyage puisqu’on suit les deux héros dans les rues de Venise, déambulant avec Luca et Valentina ou obligés d’accompagner les parents dans leurs visites.
L'église est à deux pas d'ici, insista Christopher après avoir piqué du nez dans le guide. Et elle est pleine de Tintoret.
– C'est quoi, un tintoret ? demanda Jonathan en essayant de se montrer intéressé.
Olivia en avait plus qu'assez de ses mines de rescapé d'un cataclysme. Elle lui balança d'une voix sèche :
– Un oiseau qui a les oreilles rouges et qui chante faux.
Un oiseau à oreilles ? Jonathan jeta un regard interrogateur à son père qui vola à son secours :
– Le Tintoret est un peintre du XVe siècle, il a été enterré dans l'église de la Madonna...

Les ados ne s’ennuieront pas dans cet ouvrage plein de facettes dont le rythme est vif et le ton toujours espiègle. Le livre est complété par des annexes qui comprennent une légende vénitienne, Le vieil avare, les recettes de cuisine d’Olivia, antipasti et tiramisu, et le "dico de Jonathan" toujours amateur de mots-valises d’abominatroce à vomifiant.
Le troisième volume annoncé en quatrième de couverture devrait prochainement conduire la famille Cavendish à Bruxelles. A suivre…

Serge Cabrol 
(28/02/08)