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Huit nouvelles où des personnages ordinaires perdent les pédales. Nina est un fil qui court sur plusieurs nouvelles. Une fonctionnaire tristement
effacée et solitaire de jour, voyou conquérant "genre
petite frappe à qui on ne la fait pas" à draguer dans
les bars enfumés la nuit (Nina). Nina, Nino, une "tête
de garçon sur un corps de femme" dont son voisin de bureau,
archiviste comme elle, est amoureux, en silence, sans jamais lui adresser la
parole. Un rayon de soleil dans sa vie coincée entre une mère
omniprésente et un chef de service autoritaire. A la tombée de
la nuit, tel un loup à la recherche de Nina qu'il reconnaît en
chaque femme rencontrée, il rôde... Parfois, crime réel
ou fantasmé, un corps tombe dans le canal... (Auguste Dumontier) La nouvelle titre met en scène un homme amoureux mais las et jaloux et sa femme pleine de vie et prête à tout. Elle l'entraîne au théâtre, pour une pièce d'avant-garde où un acteur nu dit l'abandon, "les coups les bleus les cris le sang. Puis les antidépresseurs anxiolytiques neuroleptiques antihistaminiques. Puis l'envie de tout jeter. D'être un autre. Un quelconque. Un normal." Délire en direct. Là, fiction ou réalité, par Clémence, la même, une autre, tout bascule dans la folie... Dans une autre, un homme, à quelques années de la retraite, qui
se voit mis à l'écart par son chef de service de l'âge de
son fils, "tout frais sorti de ces écoles de commerce et de management
moderne", croit, après un entretien humiliant avec lui, dans
le métro qu'il emprunte pour revenir chez lui, apercevoir les sosies
de Pinochet, Hitler, Mussolini... Il n'est pas sous les projecteurs mais délire
tout autant. Sur le boulevard c'est Mao et Khomeiny qu'il croit croiser... puis
de retour dans le métro, il croit voir Staline, Salazar, Franco, Amin
dada, Ceausescu, Pol Pot, Goering... "Ils sont là, tous, masse
grise, je peux les toucher, ils me regardent, sans un geste, sans une parole,
sans expression dans les visages, impassibles, avec moi, autour de moi, pour
moi..." (Transports en commun) Bibi, lui, n'a pas pété les plombs, il a toujours été
hors jeu, n'a jamais rien compris ; c'est un homme simple, craignant l'invasion
des Russes, qui éprouve une passion immodérée pour Miss
Gorilla, phénomène velu d'un cirque ambulant qui passe chaque
années dans son village. Quand, chapiteau déserté, les
saltimbanques annoncent leur dernière visite, le naïf les suit en
mobylette. Belle opportunité pour le peu scrupuleux directeur de la troupe
de l'utiliser pour régler des comptes sanglants... (Miss Gorilla) Deux nouvelles sortent du champ commun, celui de la folie ordinaire, mais témoignent
du même goût pour le cérémonial et le théâtre
: Des fils relient toutes ces histoires : la folie, les fantasmes, la solitude, l'envie d'une autre vie voire le travestissement ou la mise en scène. Les personnages dépassés, décalés, provocateurs,
solitaires nous ressemblent comme des frères. " Qu'est-ce que la vie ? Une folie Un désespoir jubilatoire porté par un rythme nerveux, des phrases courtes et une langue faussement orale d'une redoutable efficacité. Le livre, comme toujours chez cet éditeur, est un objet raffiné,
beau papier et illustration de couverture (Catherine de Rosa) à l'unisson,
étrange et superbe ! Dominique Baillon-Lalande (13/04/11) |
Sommaire Lectures Editions La Dragonne 116 pages - 16 €
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