Laurent GRISON, Les stries du temps



Laurent Grison interroge l’esthétique et l’histoire de l’art au travers de la littérature et des arts plastiques. « Il s’agit pour nous de commenter des productions artistiques » dit-il lui-même. Après Figures fertiles (collection « Rayon Art », Jacqueline Chambon, 2002), il tresse, dans Les Stries du temps, sept courts essais illustrés (un jeu de sept lieux) qui explorent les arts visuels (Boltanski, Max Ernst…), la musique (Stravinsky) et la littérature (Perec, Borges, Jean de Brunnhof…) dans leur « incessante métamorphose de l’espace et un infini mouvement du temps ». C’est dire l’exubérance d’un chantier (auquel manque peut-être un index des noms propres) qu’il faut aborder de façon ludique et hédoniste. « Les Stries du Temps n’est pas un traité, encore moins un ouvrage didactique sur le temps et l’espace dans l’art occidental. C’est un libre parcours sur les sentiers de l’art qui a pour but de comprendre quelques usages des lieux, des temporalités et de la mémoire dans les formes de création. »

Un livre qui, malgré le vertige, se déguste en donnant à la fois l’impression de tout connaître et l’envie de tout vouloir connaître, du Paris hyperdescriptif de Georges Perec (in Tentative d'épuisement d'un lieu parisien, Editions Christian Bourgois) à Célesteville, la municipalité éléphantesque et calme habitée par Babar, d'Ubu à Victor Hugo via Dante et les calligrammes d'Apollinaire. Mais qu'est-ce en général qu'un essai, sinon un étourdissant collage d'art qui n'oublie jamais que la critique reste un Janus bifrons : elle est tournée du côté de l’œuvre dont elle doit assurer la lecture, l’accès, mais elle doit être tournée également du côté du lecteur, qu’elle doit conduire au seuil de l’œuvre…

Régine Detambel 



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Editions Champ Social, 2005
Collection Théétète
132 pages
18 €