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Hubert HADDAD

Palestine



Sur le bord de la route longeant la barrière électronique, le première classe Cham regarde s’éloigner le car pour Tel-Aviv.

Il effectue une dernière ronde avec un adjudant de l’armée israélienne avant de profiter de trois semaines de permission.

Il pense à sa mère cloîtrée dans sa nostalgie, à ses camarades du département de biologie animale, à la rousse Sabrina qu'il aurait pu aimer, à tous ses amis de Jérusalem. A son frère Michael aussi. Malade de solitude depuis son divorce, écœuré par l'enfermement belliciste des partis au pouvoir et de l'état-major, sans plus d'énergie pour peindre, il avait délaissé son atelier de la ville neuve pour aller se réfugier dans une cabane branlante du faubourg arabe, parmi les oliviers.

Des coups de feu éclatent et l’adjudant s’effondre. Cham reçoit une balle dans l’épaule, une autre glisse sur sa tempe.

Le commando l’a pris en otage, mais dans les jours qui suivent, au fil des attaques et contre-attaques, ses kidnappeurs sont tués et personne ne sait plus qui il est. Lui non plus. Son esprit est vide de tout souvenir.

Une jeune femme, Falastin, le soigne et lui donne l’identité de son frère, disparu, qui avait environ le même âge et lui ressemblait.

Cham ou Nessim ? Juif ou Palestinien ? Le personnage de Hubert Haddad ne sait plus. Seule compte pour lui la présence de Falastin. Et, de toute façon, Juif ou Palestinien, le risque de mourir dans cette région en guerre est à peu près la même. De part et d’autre, des hommes sont devenus fous, rêvant d’extermination, au nom de Dieu, du droit du sol ou du sang. La colombe est en danger, les faucons ont envahi le ciel…

Le roman est une longue errance, quête et fuite à la fois, où Cham/Nessim et Falastin vont se perdre et se retrouver, portant en eux un désir d’amour impossible dans ce climat de violence.

Quand enfin Cham rejoindra la cabane de son frère, il atteindra la fin du voyage…

Un magnifique et douloureux roman qu’on dévore avec passion, au fil de cette écriture poétique et imagée dont Hubert Haddad a le secret.

De la vallée de Josaphat au mont du Mépris, le regard compte les cryptes, les sépulcres, les mausolées. Tout est tombeaux, sang brûlé, huiles répandues. Un vol de corbeaux guide l'œil par-dessus les chantiers babyloniens de la ceinture de béton et des axes de contournement, avec leurs ponts surélevés et leurs tunnels reliant les nouvelles cités pionnières à travers le damier d'enclaves des vieilles localités arabes. Tout se mêle à la pierraille indistincte au-delà, dans les méandres poudreux de la route de Jéricho et vers les monts du Moab aux mues grises. On distingue aussi, fond de scène éternel, le mirage d'acier de la mer Morte et les figures obstinées du désert.

Serge Cabrol 
(03/09/07)    



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Editions Zulma

&
Livre de Poche






Né à Tunis en 1947, Hubert Haddad n'a rien oublié de ses origines judéo-berbères. Il est l'auteur de plusieurs dizaines d'ouvrages dans tous les genres : poèmes, nouvelles, récits, romans, essais, théâtre, jeunesse...
Une biographie et une bibliographie détaillées sont disponibles sur le site de l'éditeur :
www.zulma.fr




Hubert Haddad écrit pour les adultes, Hubert Abraham pour la jeunesse.
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