Nick's blues

«  Quatre jours après le septième anniversaire de Nick Harman, son père grimpa sur un pont enjambant une route à quatre voies, marqua un temps d'arrêt et plongea vers la mort. Cela faisait un peu plus de neuf ans. »

Le premier paragraphe indique le fil conducteur de tout le roman : comment se préparer à la vie quand son père a choisi la mort…

Un jour, sa mère lui remet un paquet enveloppé dans du papier marron.
« – Ton père a laissé ça pour toi, avec un mot. Il voulait que tu aies ça pour ton anniversaire. Pour tes seize ans. »
Le mot, elle l’a brûlé, comme tout ce qu’il a laissé, sauf ce paquet.

En l’ouvrant, Nick trouve un harmonica, un médiator, des cordes de guitare et huit photos. Sa mère avait vingt ans, Les Harman en avait le double. Il était musicien… A partir de ces photos, Nick va poser des questions, rencontrer des gens, chercher à en savoir plus…

Il habite dans un quartier difficile de la banlieue de Londres où les bandes d’adolescents font régner la violence entre les immeubles de béton.
Lui, a été élevé dans l’idée que l’argent s’obtient par le travail et il fait la plonge dans un restaurant après le lycée tandis que sa mère s'efforce de payer le loyer et de remplir le frigo avec deux emplois, dans une station-service et dans un bar.

Face aux bandes, Nick refuse ce qui, selon lui, a peut-être tué son père : la peur.
« Incapable de s'endormir, Nick pensait à son père. Trop effrayé pour monter sur scène. La même personne qui, des années plus tôt, avait impressionné sa mère par son assurance. Comment en était-il arrivé là ? Pourquoi avait-il changé ?
Nick tira brusquement sa couverture et roula sur le côté.
– Pas moi, pensa-t-il. Ça ne m'arrivera pas à moi.
 »
Même si l’affrontement n’est pas sans conséquences et peut le conduire à l’hôpital ou au commissariat.

Une lancinante question le hante et le poursuit : un père qui aime vraiment son enfant ne se tue pas. Une chanteuse qui a partagé autrefois la scène avec Les Harman, essaie d’apporter une réponse :
« – Parfois, il ne suffit pas d’aimer les autres, Nick, dit Charlie, il faut aussi s’aimer soi-même. »

Comme son père, il a une passion. Les Harman était guitariste et chanteur de blues, Nick veut devenir photographe. Une passion qu’il partage avec Ellen, une jeune fille qui l’attire mais qu’il trouve trop intelligente pour lui. Encore une fois, le syndrome du père : ne pas se sentir à la hauteur.

La peur, la violence, l’amour, le courage, autant de thèmes qui construisent ce passionnant roman où l’on partage les interrogations, les révoltes et les coups de cœur d’un adolescent très attachant.

Serge Cabrol 


Journaliste, poète, scénariste et romancier, John Harvey est l’auteur d’une douzaine de titres publiés chez Rivages/Noir.
Pour Now’s the time, paru en septembre 2004, l’éditeur écrit : « La saga de Charlie Resnick ne se cantonne pas aux dix volumes qui composent la série. John Harvey a emmené son inspecteur dans d'autres enquêtes, d'autres tranches de vie, où nous retrouvons les personnages croisés au gré des romans. Fidèle à lui-même, Resnick continue de se préparer des sandwiches bizarres en écoutant Thelonious Monk, tandis que réapparaissent Raymond et Terry Cooke, la famille Snape et quelques autres. Ces douze textes - qui portent tous le titre d'un morceau de jazz ! - sont une excellente introduction au monde de Charlie Resnick, ou un " super bonus " pour tous les fans. »



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Jeunesse





John Harvey,
Nick's blues

Editions Syros, 2005
220 pages - 12 €