Gît le cœur le cœur, Gît le cœur le corps, deux parties pour ce recueil de poésie où Marie Huot déploie toute sa sensibilité. La douceur des mots, la douleur du cœur s'expriment dans l'absence de l'être aimé : la mère, l'amie, celui qui n'a pas de nom…
La mémoire, la peur, la nuit, les ombres, la mort… sont évoquées. Les mots se mêlent, s'opposent ou se conjuguent. Les phrases chantent rythmées sous la plume délicate de Marie Huot qui distille peu à peu l'émotion de la vie.
Traces laissées, traces effacées

Gît mon cœur de sable

Là où la mer ressemble
Et les nuages mauves
Au ciel à une chambre
Mauves et noirs mauvais

Là où la moitié brisée du souffle
Éparpille grain à grain
Tout ce qui fut
Tout ce qui souffle

Le corps existe lié au "cœur brûlé" dans les souvenirs du dialogue des peaux dans l'amour

Ma page de garde
Ma plaine neige tu la goûtes
Du bout des doigts
A pleines lèvres
C'est toi qui neiges maintenant
Tu crois que ça s'écrit facile
A la pointe du pied

Le cœur coupé, le cœur à l'ouvrage et le cœur de gaieté

A ta maison de bois on a pris l'eau
La bouche la douche la bouche encore
Et je t'ai attendu
Tremblante un peu assise
Sur le lit petite bête
Le museau en l'air de rien du tout
J'ai attendu que tu et tu as attendu que je
Qu'on doucement se prenne
Par la main pris surpris épris
J'ai caressé ton visage ta délicatesse
Et toi tu m'as pareil

Les allitérations donnent un souffle doux et tendre pour dire la beauté des corps. Les mots sont là pour exprimer la richesse des sentiments sous forme d'adresse : Elle dit, Il dit, Ma nuit dit, Ton ombre dit et nous écoutons ce murmure avec plaisir.