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Andrea H. JAPP

Le brasier de justice
(Les enquêtes de M. de Mortagne, bourreau – tome 1)



Après les aventures d'un jeune médecin enquêteur, Les Mystères de Druon de Brévaux (voir sur notre site les articles consacrés aux deux premiers volumes, Aesculapius et Lacrimae), nous entrons, toujours au moyen âge, dans une nouvelle série de romans dont le héros est ici… un bourreau !

Rien ne prédisposait Hardouin cadet-Venelle, dit M. Justice de Mortagne, à enquêter sur la véritable culpabilité des condamnés qui lui étaient confiés… jusqu'à l'exécution de Marie de Salvin en août 1305.

Leur dynastie de bourreaux était née avec son arrière-grand-père, un fieffé vaurien, brigand de chemin, assassin. Capturé et condamné à la pendaison, on lui avait proposé, ainsi qu'à d'autres, la vie sauve contre cet office. Il n'avait pas boudé l'occasion. Ma foi, il avait tué pour quelques fretins. Autant continuer, avec la bénédiction de tous, mais pour de beaux sous.
Le jeune Hardouin, cadet de la famille, avait espéré échapper à cette charge, partir à l'aventure, devenir soldat ou barbier-chirurgien, mais le décès de son frère aîné en a décidé autrement, l'obligeant à reprendre la charge familiale.
Le sort, et son art de la chirurgie, lui ont apporté une immense fortune sans pour autant cesser de faire de lui un paria que la fonction d'exécuteur vouait au célibat, sauf à épouser une fille de bourreau.
Etrange et émouvant héros pour cette nouvelle série d'enquêtes.

En août 1305, Marie de Salvin, affirme avoir été violée, en l'absence de son mari parti à la chasse, par leur hôte, Jacques de Faussay. Ce dernier crie à l'affabulation, jure de son innocence et obtient un duel judiciaire pour s'en remettre au jugement de Dieu. Le mari, piètre escrimeur, est tué par Jacques de Faussay, réputé fine lame. Marie de Salvin, accusée de mensonge et de parjure, est condamnée à être brûlée vive. Et le bourreau remplit son office…

Mais dans ses cauchemars, il voit apparaître Marie de Salvin qui clame toujours son innocence. Le hasard mène un jour le bourreau dans une taverne où l'ignoble de Faussay se vante de son viol sur la jeune femme… Que faire ?
Hardouin, tourmenté par cette exécution imméritée, se rend chez Arnaud de Tisans, sous-bailli de Mortagne, chargé de rendre la justice, qui a condamné Marie de Salvin. Bourreau de grande réputation, efficace et toujours apprécié dans son office, Hardouin se sait difficile à remplacer et use de ce pouvoir pour convaincre le sous-bailli de le laisser faire la lumière sur l'ignoble conduite de Jacques de Faussay.
Non seulement Arnaud de Tisans accepte assez facilement mais il évoque une autre histoire de jeune femme condamnée à être enterrée vivante pour un meurtre qu'elle n'aurait peut-être pas commis. Et puis, le temps qu'on y est, il aborde aussi le délicat sujet de meurtres d'enfants, violés et sauvagement assassinés, à Nogent-le-Rotrou, la seigneurie du bailli de Guy de Trais. Un homme a bien été torturé et pendu pour ces crimes mais le sous-bailli ne croit pas en sa culpabilité et la preuve en est que les meurtres d'enfants continuent toujours…

Hardouin, étonné de voir Arnaud de Tisans s'émouvoir pour la paysanne peut-être injustement enterrée, se demande aussi les raisons de cette autre enquête qu'on lui demande de mener discrètement sur les terres du bailli, hors de sa juridiction… Qu'y a-t-il derrière tout cela ?
Pour obtenir de pouvoir réhabiliter, à titre posthume hélas, l'innocence de Marie de Salvin, Hardouin est obligé de se plier aux conditions du sous-bailli.
Soit, il enquêtera, mais jusqu'au bout, sans savoir à l'avance ce qu'il trouvera ni à qui cela pourra profiter ou nuire.

Un roman passionnant, ancré dans le quotidien d'une province au moyen âge, avec en bas de pages de précieuses petites notes sur l'histoire, les coutumes ou l'étymologie d'expressions parvenues jusqu'à nous souvent déformées (ronger son frein, le jeu en vaut la chandelle, mettre sa main au feu, galopins, marmots…). Une lecture aussi agréable qu'instructive. On attend déjà la suite…

Serge Cabrol 
(17/11/11)    


Et pour vous fournir une raison supplémentaire de vous intéresser aux aventures de cet étonnant bourreau-justicier, voici quelques mots adressés par l'auteur à ses futurs lecteurs :
"Cette nouvelle série de polars médiévaux est le fruit de questions, dont une à laquelle je ne trouverai sans doute jamais de réponse complète : comment des êtres, qui n'étaient pas des psychopathes, ont-ils pu torturer de génération en génération ? Caste honnie mais crainte, les bourreaux étaient dans l'ensemble assez éduqués et fort riches pour certains. Si l'on conçoit le meurtre, qu'il s'agisse d'un instantané incontrôlable de terreur ou de fureur, l'aptitude à la torture fait appel à un schéma mental très particulier puisqu'elle ne renvoie à rien qui soit du domaine de l'instinct de survie ou de protection, bref de notre part d'animalité. Rien n'explique a priori son acceptabilité pour certains, pas même ces temps reculés, dans un cadre qui n'a rien à voir avec le sadisme. En effet, il ne s'agissait pas pour ces hommes et ces quelques femmes d'assouvir des pulsions perverses.
Ce roman n'est qu'un élément de la réflexion. Merci à vous qui consacrerez de votre temps à sa lecture
."



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Noir & polar










Editions Flammarion
416 pages – 21 €






Andrea H. Japp,
toxicologue de formation, se lance dans l’écriture en 1990 avec La Bostonienne, qui remporte le Prix du festival de Cognac en 1991. Elle est aujourd’hui l’auteur de plus d’une trentaine de romans policiers et historiques dont plusieurs ont paru en Livre de Poche.



Bio-bibliographie
d'Andrea H. Japp
sur wikipédia





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