15 auteurs, connus ou novices, ont répondu à l'appel de Fabien Hérisson pour participer à un recueil ayant pour thème la différence.
15 nouvelles pour décrire ce terrible regard qui pourrit la vie des victimes de discrimination. Toutes, quelles qu'elles soient, quelle que soit la façon violente ou ordinaire qui leur donne forme.
Ils se nomment, par ordre alphabétique : Laurence Biberfeld, Thierry Brun, Paul Colize, Patrick de Friberg, Bob García, Sébastien Gendron, Maxime Gillio, Fabien Hérisson, Valéry Le Bonnec, Sophie Loubière, Gaëlle Perrin, Elena Piacentini, Hervé Sard, Nicolas Sker, Michel Vigneron.

Des nouvelles plus ou moins courtes, plus ou moins tendues mais toujours noires, qui passent par la ségrégation ethnique, le handicap, le transsexualisme, la maladie incurable, le racket, la violence domestique ou la folie pour dire l'injustice et la détresse.

Au fil des pages on y trouve :

Des communautés trop souvent stigmatisées : Les Roms chez Laurence Biberfeld et Sébastien Gendron, les albinos de Tanzanie chez Valery Le Bonnec...

Des personnages émouvants : Philippe devenu Isabelle dans "Être une femme" de Nicolas Sker, l'aveugle aux moignons de Hervé Sard (La voix des autres), le médecin disgracieux follement amoureux de Elena Piacentini (La bête noire), Sam l'handicapé de Michel Vigneron (De rires et de couleurs), Doudou, l'attardé rondouillard de "Ondes de choc" (Sophie Loubière), Tom l'enfant poursuivi de "Sonic world" (Bob Garcia) et surtout, surtout Pauline, la petite autiste de onze ans dans "Asperger mon amour" de Maxime Gillio.

Des décalages ou retournements de situation presque drolatiques, quand une femme ordinaire monte son réseau de pickpockets ("L'habit et le moine" de Laurence Biberfeld), quand une bande de branquignols enlève presque par hasard un ministre ("On a déconné" par Sébastien Gendron), quand un vieux en fauteuil roulant serait l'assassin de son voleur tué avec un bronze ("Un fauteuil pour deux" de Gaelle Perrin), quand le musicien en galère se transforme en justicier ("Désaccord majeur" de Paul Colize).

De la folie meurtrière dans "Temps écarlates" de Thierry Brun, "De rire ou de couleurs" de Michel Vigneron, "La petite mécanique de l'horreur" de Valéry Le Bonnec, "Dignité perdue" de Fabien Hérisson.

Des formules chocs à foison dont, en vrac et indistinctement : "être autiste, c'est trop nul" ; "je suis la bête noire, le prix de la traque. Bientôt ils me dépèceront avec la même conscience froide et cynique." ; "Jamais on ne m'a parlé comme à un être humain. Même si les mots étaient agréables, le ton n'y était pas." ; "Ça le rend triste que plus personne n'ait envie de le frapper. Alors pour se tenir compagnie, il cogne un peu sa tête contre les murs" ; "Ce n'est pas possible parce que ce sont des amis, c'est écrit sur Facebook, et que les amis ne peuvent pas être méchants."

Derrière ces histoires, il y a toujours quelqu'un qui souffre et en crève.
Ces nouvelles fortes ou dérangeantes nous plongent dans l'enfer de ceux qui sont victimes du regard et des peurs des autres, du rejet de la société, de la discrimination inconsciente dont nous pouvons tous nous rendre complices, des violences symboliques, verbales ou physiques qu'il leur faut endurer.
L'ensemble est cohérent, surprenant parfois, terrible et émouvant, sans jamais tomber dans la morale ou la mièvrerie. Pari réussi.

L'intégralité des bénéfices seront reversés à l'Association "Écoute ton cœur" qui sensibilise le public aux problèmes liés à l'autisme.

Dominique Baillon-Lalande 
(03/04/12)