Léa vivait avec Louise quand celle-ci a été tuée lors d'un reportage qu'elle réalisait dans un pays en guerre (voir Fais-moi oublier, le précédent roman de Brigitte Kernel). Son ombre hante toujours Léa et sa relation avec la narratrice.

Les détails de la vie peuvent alerter sur une passion naissante mais aussi sur les moments d'un désamour qui commence.
Ce livre peut parfois agacer dans l'importance donnée aux petits détails du quotidien qui envahissent et qui s'étirent mais cela renvoie aussi aux problématiques de chacun dans les relations amoureuses : "Tu sais, ça commence par un tout petit agacement et c'est ce tout petit agacement qui grossit, grossit comme une boule de neige et devient un explosif, c'est comme ça que les couples se défont, il faut parler à l'autre à peine l'agacement pointe-t-il le bout de son nez. "

Ce temps du quotidien, où l'on s'englue parfois et qui détruit tant de passions, se retrouve au fil du roman où la narratrice n'a pas forcément remarqué que Léa était parfois distante.

La problématique de "l'absente", du deuil de la personne aimée et disparue, hante aussi les relations amoureuses. Comment effacer le passé, est-ce possible ? : "Je ne voulais pas supposer, ne serait-ce qu'une seconde, que Léa pouvait ne pas toujours être heureuse avec moi. Je respectais ces instants précis. C'était comme si je lui accordais un espace, un espace de survie, et puis, je dois l'avouer, je me préservais aussi car je ne supportais plus de souffrir comme cela avait été le cas au début de notre relation, quand Louise était encore si présente dans sa tête, et dans la mienne évidemment."

Prendre une décision est toujours une phase longue et difficile que nous suivons au fil des pages et d'un voyage au Cercle Polaire. Le froid va-t-il geler un amour naissant ou un amour qui dure depuis trois ans ?

Brigitte Aubonnet 
(10/02/12)