Denis LACHAUD, Le vrai est au coffre



Qui est Tom ? Qui est Véronique ? Qui sommes-nous vraiment ? Quel être véritable se cache dans notre enveloppe charnelle ?
C’est autour de ces questions que se construit le livre.

Tom, le narrateur, un petit garçon de cinq ans, emménage avec sa famille dans une cité toute neuve au milieu des voies ferrées. Vingt jours plus tard, Véronique, une fille de son âge, arrive à son tour avec ses parents. C’est alors le plaisir de la découverte, de l’exploration de la cité et de ses alentours. Tom et Véronique fondent une famille avec quatre poupées et passent beaucoup de temps ensemble, à l’école maternelle, dans la cité et pendant les vacances à la campagne, chez l’oncle Roger. Tom a aussi un ami, le conducteur de grue de la casse proche de leur immeuble.

Avec l’entrée à l’école primaire, la vie de Tom bascule. L’enfer, c’est les autres, et plus particulièrement deux élèves de sa classe, si sûrs d’eux, si convaincus de leur admirable prestance et du ridicule de ceux qui ne leur ressemblent pas. Faute de nous aider à savoir qui nous sommes, les autres peuvent nous révêler brutalement ce que nous ne voulons pas être. Tom les craint autant qu’il les déteste. Il préfère les poupées au football, c’est suffisant pour s’entendre traiter de tapette. « Le glossaire s’enrichit. Pédé, pédale, tarlouze, tantouze, tante, tata, tapiole, fiotte ou cul de poule glanés dans la cour permirent à Savin et Pellot de varier les plaisirs ». Une classe de neige est le point d’orgue de cette animosité.

Dans les années qui suivent, Véronique se prend de passion pour la natation et s’entraîne tous les jours pour atteindre un niveau de compétition. « En moins d’un mois, Véronique, apprit à digérer ses deux heures d’entraînement quotidien et régla sa vie autour. Sa peau devenait une enveloppe qu’elle percevait après l’effort, en récupérant. L’eau lui donnait enfin la possibilité de connaître les frontières de son corps ». Elle partage aussi l’amitié que Tom a construite avec Miguel, le grutier de la casse.
Les voix de Tom et de Véronique se mêlent dans la narration et nous ramènent à ces questions : Qui est Tom ? Qui est Véronique ? Qui sommes-nous ?

Un roman étrange et fascinant, roman de l’identité et de la dualité, la partition d’un duo dont les voix s’étreignent de façon troublante, un roman dont l’écriture et la construction apportent leur lot de surprises à chaque chapitre.

Denis Lachaud poursuit avec une brillante opiniatreté le parcours commencé en 1998 avec J’apprends l’allemand.

Serge Cabrol 



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Editions Actes Sud
160 pages
17,50 €









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