Marie-Hélène LAFON, Mo



Comment exister après un mort ? Comment trouver sa place et apprendre à vivre en être indépendant ? Mo, personnage émouvant du roman de Marie-Hélène Lafon, est un être simple qui a parfois du mal à bien comprendre, à percevoir l'implicite des situations et à exécuter ce que les autres lui demandent. Son frère Mohamed est mort. Il a d'autres frères. Il vit seul avec sa mère. Mo découvre l'amour mais donner du sens à sa vie est compliqué.

L'écriture de Marie-Hélène Lafon est toujours aussi incisive. Pas un mot de trop pour exprimer les bonheurs et les rugosités de la vie. L'émotion, toujours présente, nous entraîne d'un souffle au bout de cette aventure :

«  Il ne s'est pas allongé, il a posé son doigt tendu sur la peau nue entre le tissu rouge et le pantalon, et il a suivi la ligne, de chaque côté du nombril, le corps de Maria a bougé, elle a ouvert les bras, il a senti son odeur, il ne s'est pas penché, il l'a regardée, elle a fermé les yeux un moment, ses cheveux brillaient sur le bleu de l'écharpe, il a attendu et il a posé sa main droite sous le nombril de Maria, toute sa main longue, et il a appuyé un peu.  »

Il est rare que les romanciers parlent des êtres faibles. Dans une société où l'exigence de perfection finit par exclure de plus en plus, le regard porté par Marie-Hélène Lafon sur Mo est chargé de sensibilité. Aucune sensiblerie mais une grande humanité servie par une écriture époustouflante.

Brigitte Aubonnet 



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Editions Buchet Chastel
148 pages, 13 €



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