Michel LAMBERT

Le jour où le ciel a disparu



Deux ans après Une touche de désastre, on retrouve l’atmosphère émouvante des nouvelles de Michel Lambert.
Dix textes composent ce nouveau recueil, dix histoires de fêlures, de souffrances, d’amours, de ruptures douloureuses, de retrouvailles décevantes, dix portraits de personnages abîmés par la vie, « victimes du Grutier facétieux qui lâchait ses blocs de béton ici et là, au hasard. Quand ça vous tombait dessus, les autres vous empoignaient le bras et parlaient de malchance, d’injustice – des mots qui ne servaient à rien, dépourvus de sens. De toute façon, les autres ! »
Michel Lambert a un grand talent pour nous faire partager le mal-être de ces personnages qui traversent un moment difficile et qui éprouvent parfois le besoin d’en parler.
Les rapports parents-enfants (ou ados), les relations de couples mariés ou clandestins, la nostalgie des amours ou des amitiés de jeunesse sont au cœur de ces nouvelles où les personnages se cherchent, se rencontrent, parlent ou se taisent ; les confidences sont éprouvantes, parfois impossibles ou inutiles après si longtemps. Alors ils marchent dans les rues, s’assoient sur un banc ou dans un bistrot, vont au cinéma ou sur un bateau-mouche, et le temps passe ; chacun revoit des images de sa vie, pense à un absent, dit des phrases qu’il regrette ou retient celles qu’il n’ose pas dire…
Les dix narrateurs de ces nouvelles font vibrer en nous les cordes sensibles d’histoires qu’on a vécues ou qu’on redoute de connaître un jour…

David se bat contre le démon de l’alcool et souffre du mépris qu’il lit ou croire lire dans le regard de sa femme et de son fils. Il ne sait plus comment sortir du rapport amour/haine qui s’est établi entre son fils et lui.
Alexandre, qui a souffert des disputes de ses parents pendant toute son enfance, refuse, contrairement à son frère, de jouer la comédie du bonheur familial au moment de leurs noces d’or.
Tel autre se débat entre les visites à son fils hospitalisé depuis des années, la dépression où sa femme s’est totalement enfoncée et les reproches de sa maîtresse qui admet mal le temps qu’il passe à l’hôpital.
Patrick, joueur invétéré, met en danger sa carrière de comédien et emploie comme porte-chance un personnage pittoresque, le Désossé, muet et très souple, un ancien dandy qui un jour aurait « basculé »…
Cette fracture, cette rupture, cet accident, cet instant où tout bascule, « ce jour où le ciel a disparu », est le point central, dit ou non-dit, de chaque nouvelle. Ensuite, la vie reprend son cours mais rien n’est pareil…

Inès, un jour, est devenue folle et depuis elle bénit tous ceux qu’elle croise. Le narrateur qui la rencontre dans la rue et l’accompagne un moment, l’a connue "avant". Est-il vraiment étranger au motif de sa folie ?
La culpabilité est présente dans plusieurs nouvelles. Un égoïsme de jeunesse, un choix, une phrase, ont pu briser une vie, et la prise de conscience en est douloureuse.

Xavier s’inquiète du retard de sa femme et la guette à travers les rideaux. Une voiture de police passe dans la rue et se gare devant une autre maison. Compassion et soulagement. Mais quelques minutes plus tard, c’est chez lui que les policiers viennent sonner…
Stéphane a donné rendez-vous à une femme qu’il a connue vingt-cinq ans plus tôt. Il voudrait partager avec elle le secret qui le ronge mais pourquoi elle et pourquoi maintenant ?
Grégoire et Jérôme se rendent chez Louis avec qui ils faisaient les quatre cents coups dans leur jeunesse, quand ils travaillaient tous les trois dans le même journal. Leur licenciement les a séparés. Aujourd’hui, la mort rôde et les rires sonnent faux…
Francis a connu les stars du cinéma dès l’enfance, il est devenu producteur, il a gagné beaucoup d’argent, mais un jour sa vie a "basculé". Maintenant, on ne le fréquente plus et il erre dans la ville toute la journée. C’est à une femme humiliée par un homme dans un square qu’il va raconter son histoire contre une révélation : qu’a-t-elle ressenti quand l’homme criait sur elle ? Il aimerait tant savoir…

Les personnages n’ont pas toujours les mots pour évoquer ce qui les obsède mais Michel Lambert, lui, maîtrise à merveille l’écriture pour les mettre en scène, les peindre par petites touches précises, et nous les rendre vivants et attachants dans leurs quêtes ou leurs errances, dans leur façon de survivre après le jour où, dans leur vie, le ciel a disparu.

Serge Cabrol 
(15/05/08)    



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Éditions du Rocher

180 pages - 16€









Michel Lambert
,
anime des ateliers d'écriture, notamment en centre de santé mentale. Fondateur et organisateur du Prix Renaissance de la Nouvelle, il a déjà publié
dix livres qui ont obtenu plusieurs prix.








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