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Virginie LOU, Guerres froides
Louise Tulaine a tout perdu : son travail dans la pub, son mari, son œil
gauche, en sachant que la cécité totale est inévitable.
Dans cette crise, un seul refuge : la maison de famille dont l’isolement
lui permettra peut-être de se retrouver. Le roman commence à cet
instant précis où, en abattant une cloison, elle découvre
avec horreur une peau humaine entière, tannée. Le tannage, elle
connaît la petite Louise, les Tulaine sont tanneurs de père en fils
depuis le XVII siècle. Celui qui a accompli cet acte d’autant plus
ignoble que méticuleux ne peut-être qu’un des siens. Quant à la
victime...
Un roman coupant comme le silex, où le verbe crie la souffrance, la haine,
la peur. Une violence à l’état pur qui cingle le lecteur
de plein fouet. Le récit de toutes les guerres où l’Histoire
et la politique s’entrecroisent avec les affrontements des repas familiaux
du dimanche et les scènes conjugales. Les personnages, attachants, notamment
Jean, le frère aimé, le grand militant pour la justice dont "la
tête a coupé le contact", sont tous enfermés dans leur
histoire, cocus de la vie, de l’amour et de l’Histoire.
Un texte de la démesure, du crime et de la folie, porté par une écriture
sensible et tranchante qui a l’art de plonger sans réserve dans
le drame. Un livre rare, sombre et superbe, qui peut mettre mal à l’aise,
parfois, mais ne peut laisser indifférent.
Dominique Baillon-Lalande
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Lectures
Editions Actes Sud
192 pages
17 €
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