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Amin MAALOUF

Les désorientés



En pleine nuit, Adam est réveillé par un appel téléphonique : la femme de son ami d'enfance, lui apprend que Mourad, resté au pays, va mourir et qu'il voudrait le revoir. Mais lui, l'historien chercheur, l'intellectuel reconnu, vit à Paris et a, volontairement ou non, tenté d'enfouir son passé, en rompant avec le pays de son enfance. Il décide cependant de prendre immédiatement l'avion pour aller au chevet de Mourad.

Pendant ce retour aux sources, Adam retrouve son pays, marche à nouveau sur les traces de sa jeunesse et va se trouver confronté à ses souvenirs pour s'efforcer de comprendre l'itinéraire qui fut le sien et celui de ses amis, Bilal, Ramsi, Ramez, Semiramis… si proches jadis, et dont il n'a plus de nouvelles depuis que chacun a fait des choix de vie aux quatre coins du monde. L'un est devenu chef d'entreprise, l'autre islamiste, un autre moine, dans un pays plongé dans le chaos de la guerre. Retrouver et tenter de renouer avec ses amis, telle est la quête d'Adam, au prénom éminemment symbolique. Quels liens peuvent encore unir ces êtres ?

Mais revenir sur les traces de son enfance, c'est revenir, inévitablement, sur soi et tenter aussi de comprendre la cohérence de son histoire et de se comprendre : "Tout homme a le droit de partir, c'est son pays qui doit le persuader de rester - quoi qu'en disent les politiques grandiloquents. […] Pourquoi n'ai-je pas sauté le pas ? Parce que le paysage de mon enfance s'est transformé ? Non, ce n'est pas cela, pas du tout. Que le monde d'hier s'estompe est dans l'ordre des choses. Que l'on éprouve à son endroit une certaine nostalgie est également dans l'ordre des choses. De la disparition du passé, on se console facilement ; c'est de la disparition de l'avenir qu'on ne se remet pas. Le pays dont l'absence m'attriste et m'obsède, ce n'est pas celui que j'ai connu dans ma jeunesse, c'est celui dont j'ai rêvé, et qui n'a jamais pu voir le jour." Ainsi à la voix d'Adam, se mêlent des voix, celles des amis lointains, celle du narrateur. Décidé à aller jusqu'au bout de sa démarche, Adam va essayer d'organiser une rencontre entre tous ses amis.

Si on ne peut lire ce récit sans penser à la vie d'Amin Maalouf, (né au Liban, auteur de nombreux romans et académicien depuis 2011) et y voir une dimension autobiographique, celui-ci est aussi le lieu d'une réflexion sur l'histoire d'un homme et d'un peuple ; il revêt ainsi une forme d'universalité : à travers les thèmes de l'amitié, de l'exil volontaire, du poids du passé et de la nostalgie, cet ouvrage propose une réflexion sur l'appartenance à une civilisation et à une culture. Les sujets abordés et l'écriture, intime, épurée, mais toujours subtile et très juste, parleront à chacun. La simplicité ne peut exclure l'émotion, bien au contraire.... Un bien bel hommage à l'amitié et à l'adolescence. Un roman émouvant tant par l'histoire que l'on découvre, que par la réflexion qu'il suscitera en chaque lecteur.

Sylvie Legendre-Torcolacci 
(10/09/12)   



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Grasset

(Août 2012)
528 pages - 22 €




Amin Maalouf,
né au Liban en 1949, vit en France depuis 1976. Ses livres ont déjà été traduits en plus de quarante langues. Il a obtenu plusieurs prix littéraires dont le Goncourt 1993 et a été élu à l'Académie française en 2011.



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