Arnaud, ancien étudiant en lettres, est au chômage. Il a commencé un roman qu’il n’arrive pas à terminer. Il reprend contact avec un ami journaliste qui chronique les faits divers. Celui-ci l’emmène sur le lieu d’un crime, celui d’une adolescente de 17-18 ans, Layla M. qui est retrouvée étranglée dans un parc. Arnaud poussé par son ami Legendre va mener l’enquête. Il rencontre un vieil homme qui vit dans l’immeuble avec vue sur le parc. Celui-ci le fait entrer chez lui et va lui parler de Layla qu’il a bien connue puisque c’était la fille de ses voisins. Il l’a même hébergée lorsque celle-ci a eu des problèmes avec ses parents. Il est devenu son grand-père d’adoption. Il était très attaché à elle car il n’avait pas eu d’enfants. Il a vu dériver cette jeune fille qu’il considérait comme sa fille et aurait voulu l’aider à trouver sa voie et sa voix puisqu’elle voulait devenir chanteuse.

Toute une vie se déroule devant Arnaud qui découvre l’émotion, la sensibilité et l’impuissance de cet homme. Un très beau texte où nous retrouvons l’écriture de Dominique Mainard qui dépeint si bien les êtres à la dérive, perdus dans leur vie et dans leurs quêtes.
« Je n'avais pas pensé qu'elle viendrait. Je ne l'avais pas deviné dans son regard quand elle m'avait aperçu parmi les hommes du peep-show, je n'avais vu que l'ennui et cette dureté nouvelle, et la brève crispation de la douleur quand elle s'était tordu le pied, mais je n'avais pas vu de joie ni de chagrin à l'idée de ce qu'elle avait perdu, et je m'étais dit qu'elle avait tourné la page. Pourtant, quand on a frappé hier soir, très tard, j'ai deviné aussitôt que c'était elle. Je m'étais assoupi sur le canapé ; depuis son départ c'est là que je dormais le plus souvent, comme si ça pouvait me donner l'illusion qu'elle était dans la chambre d'à côté. Je suis allé me passer la figure sous l'eau avant d'aller ouvrir. »

Les peintures de Françoise Pétrovitch reflètent bien le drame qui a eu lieu. La couleur y joue un rôle essentiel. La vie en rose n’est pas pour les personnages de Dominique Mainard.

Brigitte Aubonnet 
(04/06/09)