Marcus Malte, auteur de romans noirs, Carnage constellation, Le vrai con maltais, La part des chiens (Prix Polar dans la ville 2004), nous offre pour ce début d’année un recueil de nouvelles très noires. Une réussite.

Quatre hommes, quatre histoires pour décliner la solitude, l’amour, l’absence. Quatre destins qui se conjuguent pour dessiner un univers où la mort rode. L’hiver est là qui baigne tout dans une atmosphère de débâcle. Des personnages ordinaires se livrent, nus, au moment précis où une rencontre, un événement va détourner le cours de leur vie et les marquer d’une empreinte indélébile. Pour Patrick, ex-enfant de la DASS ou Lucien, représentant de commerce englué dans sa routine le destin prendra la forme d’une femme.
Pour Jacques, jeune montagnard qui tire sa force de la nature, ce sera l’intrusion dans sa maison de deux touristes singuliers qui transformera le paradis en enfer. Dans la quatrième nouvelle, la plus sensible mais la plus monstrueuse, l’arme du crime est le couteau qui a tué le fils du narrateur à l’age de dix-neuf ans.

Chez Marcus Malte l’univers est impitoyable, l’être humain ambivalent. Quand le rêve ne tourne pas au cauchemar et la quête au néant, le quidam se transforme en bourreau. L’homme est fragile et la vie féroce. Beaucoup de souffrance dans tout cela, mais aussi des éclairs de vraie tendresse qui illuminent par moment ce ciel si lourd.

La composition du recueil est originale avec en écho à chaque nouvelle, un court poème, comme une respiration qui viendrait mettre à distance l’horreur du monde. L’introduction, deux pages superbes, est de la même veine.

« Cependant la troupe est en marche, et de quelque nature que soient ceux qui la composent, ils persévèrent, ils s’acharnent, ils ne renonceront pas.
Et toujours autour d’eux le silence et le froid.
Et toujours en eux, peut-être, les chansons et les muettes prières.
On leur avait pourtant prédit que l’hiver serait long. »

Dominique Baillon-Lalande