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Jean MÉTELLUS

Braises de la mémoire



Jean Métellus est une des grandes voix de la poésie haïtienne que je suis depuis bien des années. Braises de la mémoire, son dernier recueil, nous entraîne dans un Haïti sublimé, que la mémoire transforme, face à la dure réalité du pays. C’est dans une écriture lyrique que Jean Métellus invoque son enfance, son vécu et embrasse dans une nuit immobile un peuple au passé légendaire. Il fait chanter son île natale, y fait vibrer toutes les lumières, les senteurs, les musiques… Tout ce monde de beauté meurtrie, mutilée, vidée de ses forces créatrices. Il reste alors la mémoire qui sert de philtre à Jean Métellus pour nous parler : le poète écrit dans le registre à vif des plis de (s)a mémoire. Dans la première partie du recueil, Haïti, l’écriture se fait incantatoire :

Ô Dieux prêtez-moi votre puissance
Pour réveiller mon pays et ses enfants déchirés
Battre le rappel autour de vos sanctuaires
Que vos mots jaillissent vainqueurs dans l’encrier
Et purifient nos faces tristes
Rendez-moi attentif au murmure de vos envoyés
Afin que ma voix s’élance, étincelante
J’ouvrirai grandes mes mains au jour de la moisson
Et tous mes sens célèbreront votre retour
Sur la terre d’Haïti

La deuxième partie du recueil, Les mots, nous entraîne dans l’écriture d’un cantique, d’un chant, où l’on bascule du silence à une voix qui fait vibrer l’attentif des jours, des sons de la nature à l’oreille, et offre l’apaisement absolu déposé par les mots sur la peur/Élargit le verbe aux dimensions de la vie :

Au pays des mots
L’homme toujours assoiffé
Apprend la splendeur
Et soupçonne le secret de toute éternité
Dans un indicible étonnement
Il traverse de vastes espaces
Libéré de l’étreinte nouée par l’effort

La troisième partie, Humeurs, nous ramène au poète qui sait que si sa faiblesse fait sa force, il se trouve confronté à des désirs de changement qui sont au-dessus de ses forces, que ses prières semblent vaines devant l’absurdité vue :

Maudit soit le sommeil qui expulse de ma vue
Mon pays, reposoir de mes sens

Toujours la folie couronne la sagesse
Dans la nuit la plus dense tremble une lueur
Se défend le destin et s’essore le projet
Trempé de larmes, de sueurs, de douleur et de sang

Jean Métellus nous fait vivre en poésie tout un florilège de sentiments au fil des poèmes. C’est beau, cela vibre de fièvre, de passion, de désespoir. En un mot cela nous parle d’amour pour une île : Haïti. On sort du recueil traversé de tous ces sentiments et le recueil continue à vivre dans notre tête, tel que l’amour sait le faire. Un chant très beau qui nous submerge.

Gilbert Desmée 
(07/05/09)    



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Poésie









Editions Janus

Fiction & Témoignage
135 pages - 15 €









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Jean Métellus
(1937-2014)

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de l'auteur :

www.jeanmetellus.com