Adrien MONTOLIEU

Ciels de traîne




Le trajet d’une vie est le sujet de ce recueil qui se lit avec gourmandise tant l’écriture métaphorique est belle, dynamique et prenante. Le recueil se divise en trois parties : Les poches percées, L’homme en chemin et Consentir au frisson. Pour ce recueil, Marie-Claire Bancquart signe une préface intéressante dont la conclusion est la suivante : Le lecteur est attiré par une langue surveillée, aux images souvent belles et inattendues, mais jamais forcée, par des variations dans la disposition des vers ou leur alternance avec la prose, et surtout par le grand rôle tenu par les silences…

Le recueil commence donc par l’enfance qu’Adrien Montolieu appelle Les poches percées :

Et si de cette enfance il n’était rien à dire ?

Ce qui demeure est aussi ce qui fuit
Ô Malherbe les fleurs
ne sont pas toujours promesse de fruits

Je n’ai pas eu l’enfance malheureuse
qui fait les poètes et les assassins

J’avais le temps et l’âme en culottes courtes

L’enfance est une noce sans mariée
une façon qu’on a d’aimer
nouer les brindilles
dans les fagots du temps


Mais dans cette enfance heureuse survient la mort du chien :

les mots ballants de la première mort
et ce qui béait là
quand ton œil a repoussé nos cris
ce qui béait là
ne s’est pas refermé
la durée cisaillée au tranchant de ta mort

Je me souviens

Nous étions nus devant ta mort
et depuis
rien n’a pu vêtir la nuit


L’homme en chemin, deuxième partie de ce recueil vient nous parler de cet entre-deux qu’est l’adolescence où l’homme est encore en aparté//avec ses mots ensoleillés sous la mitraille/ses mots de tout-venant/sa bouche comme un four à cuire les chemins/sous la fraîcheur des arbres/une bouche à pétrir chaque matin le pain nouveau/le pain du chant/et le vin du vertige/la nuit qui s’embrume/et le levain du jour qui gonfle sur son œil…

Puis vient pour clore le cycle, la troisième partie : Consentir au frisson ; qui ouvre l’âge de la maturité, même si comme l’écrit dans une lettre Adrien Montolieu : D’aucuns diront que je n’ai pas eu d’enfance parce que je n’en suis pas sorti ! Et il est vrai que je n’ai pas un sens aigu des responsabilités, des obligations, des urgences de l’adulte « normal ». Lors, pour goûter la poésie d’Adrien Montolieu, voici comment il aborde le moment de la rencontre avec sa femme : Nous nous sommes connus/dans l’ombre d’un figuier/Tu étais occupée à recoudre ta vie/et moi dans les miettes du soir/je cherchais l’horizon du regard//Tu m’as tendu en souriant/un couteau/pour la cendre des nuits sur mon épaule//J’ai ri nous avons bu/cent fois trinqué/au hasard des fruits sur la nappe… Et plus loin, le moment si fort où l’on se donne à l’autre, dans un partage : Tu attendis longtemps le premier pas/je parlais de frontières/et de guerres lointaines/Tu as pris l’oreiller par la main/et décroché la nuit de ma bouche//J’ai dit : « Le lit s’est retourné/c’est la première fois que j’embrasse le soleil »//Au petit matin/la nuit s’est endormie sur ton épaule.

Je ne peux que remercier Adrien Montolieu pour ce recueil si vif, si prenant que les images traînent en tête après la lecture et cette traîne perdure. Il y a tant de passages que j’aurai voulu vous montrer mais le mieux est encore que vous lisiez ce recueil qui, je vous le dis est vraiment à lire avec gourmandise pour les silences comme pour les images inattendues qu’il sait si bien écrire.

Gilbert Desmée 
(28/02/09)    



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Le Castor Astral


135 pages, 12 €








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