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Pam MUÑOZ RYAN


Peindre le vent




Au fil de ce roman, Maya, onze ans, va changer totalement de vie, de famille, de région et d’environnement. Une transplantation brutale qui causera quelques larmes et beaucoup de bonheur.

Le livre s’ouvre sur un chapitre en italique où l’on voit une jument, Artemisia, dans une région sauvage, s’éloigner de son troupeau pour donner vie à un poulain.

Tournant la page, on fait la connaissance de Maya, une fillette qui vit à Pasadena, près de Los Angeles. Ses parents sont morts quand elle avait cinq ans et, depuis, elle habite chez sa grand-mère paternelle, madame Menetti, quatre-vingt-huit ans, aussi maniaque qu’autoritaire.
Maya ne doit éprouver aucune joie, aucun plaisir. Pas de jouets, seules les études méritent qu’on y consacre du temps et une gouvernante est chargée de faire respecter les règles.
Maya a tout de même réussi à conserver à l’insu de sa grand-mère quelques chevaux en plastique et une photo : « Sa mère était assise sur un cheval brun et blanc, les rênes dans une main, et de l’autre faisant signe. Et elle riait. Son sourire était éclatant, ses yeux dansaient de joie et de tendresse. » Seuls souvenirs de sa mère.
Madame Menetti a fait disparaître tout ce qui peut rappeler cette belle-fille honnie qu’elle rend responsable de la mort de son cher Grégory. Un fils parfait, bien élevé…
« A quarante ans passés, il avait réussi dans les affaires et il avait une certaine position dans la bonne société de Pasadena. Et puis il est allé en vacances dans le Wyoming. Pour une excursion de peinture, imaginez-vous cela, en pleine nature sauvage. La peinture à l'huile était un loisir tellement ordinaire, tellement malpropre. Et puis il a rencontré cette femme-là. Elle avait la moitié de son âge, figurez-vous ! Sa famille vivait avec des bêtes. Et comme des bêtes. Il lui a fait quitter cet endroit sinistre et loin de tout et l'a ramenée vers la civilisation.
[…] Mais elle était incapable d'arrêter de monter à cheval. Et mon fils l'a laissé faire. Ils étaient en route pour une de ces excursions au bout du monde, où elle pouvait monter à cheval et, lui, peindre, quand s'est produit l'accident. 
»

Mais voilà qu’à son tour, la grand-mère décède. Fin de la première partie, la vie de Maya bascule.
Confiée à son grand-père maternel, elle est expédiée de la côte californienne au milieu des Montagnes Rocheuses. Sérieux dépaysement !

Elle arrive avec toutes les idées reçues de sa grand-mère (du style : les chiens sont méchants, ils sont sales et ils mordent les enfants) et l’habitude de mentir dès qu’elle doit se protéger d’une menace. Elle s’invente ainsi divers problèmes de santé (le mal de l’altitude ou le mal de la vitesse) pour essayer d’échapper à ce qui lui fait peur.
Mais c’est mal connaître sa nouvelle famille où tout est toujours clair, net et carré. Le grand-père, Moose, vit avec son frère, Fig, et leur sœur Violet surnommée Vi.
« — Nous habitons ensemble dans cette maison la plus grande partie de l'année, intervint Fig. Même ta tante Vi. Pendant l'année scolaire, elle est professeur à l'université, histoire de l'art, les peintres du Sud-Ouest des Etats-Unis, ce genre de choses. Moose et moi travaillons en ville. Il est maréchal-ferrant – il met les fers aux chevaux – et moi je fais du bricolage. Bon comme je suis, je peux presque tout faire. […] L'été, Tante Vi monte un camp. Elle écrit des articles pour une revue sur les chevaux et certaines années elle emmène des groupes en balade pour photographier ou peindre des scènes sur la nature ou les chevaux sauvages.
— Comme faisait mon père ?
— Exactement, lui confirma Fig. C'est comme ça qu'il a rencontré Ellie à l'époque. Ton père s'était inscrit pour une excursion d'une semaine, et c'était Tante Vi qui encadrait le groupe. 
»

Maya doit donc rejoindre sa Tante Vi au camp d’été, plus haut dans la montagne, et apprendre à dormir dans un tipi, manger autour d’un feu, monter à cheval et supporter Payton, un cousin de son âge qui ne tient pas en place, toujours prêt pour toutes les bêtises ou toutes les aventures…

Evidemment, cela ne se passe pas sans heurts. Maya, qui a tout appris dans les livres, est maintenant confrontée à des expériences – et des épreuves – inimaginables dans sa vie antérieure, auxquelles l’éducation imposée par sa grand-mère californienne ne l’a pas vraiment préparée.

Mais dans le Wyoming, ce sont les traces de ses parents qu’elle retrouve et plus particulièrement de sa mère à qui elle ressemble tant, selon l’avis général.

Et puis, elle va rencontrer Artemisia, la jument brun et blanc des premières pages, que le lecteur n’a jamais perdue de vue au fil du récit…

Un roman fort et vivifiant, avec de nombreux thèmes importants ; roman d’aventures avec la découverte du Wyoming et de la vie des chevaux sauvages, bien sûr, mais aussi roman d’initiation pour apprendre à accepter les différences de styles de vie, à garder vivant le souvenir des disparus, à en faire une force et pas seulement un manque. « Vas-tu toute ta vie utiliser leur mort comme excuse pour tout ce que tu ne peux pas faire ou que tu as peur d’essayer ?[…] Tes parents sont morts. Ce n’est pas qu’il faille l’oublier, mais tout en gardant ce souvenir il faudra que tu continues à avancer. […]A présent tu te lèves et tu remontes sur ce cheval ! »

Une belle leçon d’énergie menée au grand galop, d’une écriture vive, veinée d’humour et riche en émotions, qui fait partager au lecteur les larmes, les rires et les frissons de l’intrépide Maya.

Serge Cabrol 
(11/08/09)    



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Jeunesse









Actes Sud Junior

224 pages - 13 €


Traduit de l'américain
par
Dominique Delord








www.pammunozryan.com
Pam Muñoz Ryan
et son cheval, Smokey.


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le site de l'auteur

(en anglais)