Cécile OUMHANI


Kenza, Marie, Assia :
trois femmes, trois romans




Une odeur de henné

Le roman n’est-il pas une tribune extraordinaire pour témoigner et dénoncer le difficile parcours des femmes qui doivent toujours se battre pour vivre indépendantes et responsables ? Avec Kenza, l’héroïne du premier roman de Cécile Oumhani – qui a déjà publié plusieurs recueils de poèmes et un recueil de nouvelles aux éditions Le Bruit des Autres –, nous partageons les sentiments contradictoires d’une femme confrontée aux traditions de son pays et à son désir de vivre selon ses aspirations. L’écriture poétique de Cécile Oumhani donne ainsi la parole avec beaucoup de sensibilité et de vérité à l’intimité d’une femme qui nous émeut par sa détermination.

Brigitte Aubonnet (Encres Vagabondes N°18)



Les racines du mandarinier

Ce deuxième roman nous replonge dans l’univers de la Tunisie pour évoquer le douloureux problème du couple mixte où la confrontation des cultures n’est pas toujours simple. L’exil, le rejet des proches, la perte des repères, l’absence, la confrontation à la tradition, l’éclatement de la famille sont les souffrances que Cécile Oumhani traite avec beaucoup de délicatesse mais sans aucune concession.
Marie est une jeune femme française qui part en Tunisie avec son mari Ridha. Elle s’installe dans la famille de celui-ci et malgré la relation sympathique qui s’établit avec Saïda, sa belle-mère, Marie s’enfonce peu à peu dans la dépression. Après la naissance de leur fils Sofiane, Ridha quitte Marie qui est malade et se remarie avec une jeune femme qu’il connaissait depuis l’enfance. Il part un jour au Yémen.
Marie a perdu ses parents – qui ont refusé de la revoir après son mariage –, son pays, son mari, son fils. Exilée du bonheur, Marie ne retrouvera Sofiane qu’à un âge où il n’est plus possible de câliner son enfant. Comme deux amis, ils vont reconstruire les moments qu’ils n’ont pas vécus ensemble : « Le soir, il lui raconte les vêtements de mariée, ceux que Saïda lui a montrés cet été, encore imprégnés de cet ancien parfum d’ambre. Il croit qu’il ne pourra achever son récit et doit laisser parfois ses phrases s’éteindre dans une souffle. Assis dans les fauteuils de Marie, ils passent la nuit à recoudre ce passé éraillé. »

Brigitte Aubonnet (Encres Vagabondes N°24)



Un jardin à La Marsa

De sa mère, il ne reste à Assia qu’une photo, devant un jasmin, dans un jardin à La Marsa. Son père a quitté très vite la Tunisie après le décès de Liliane pour élever Assia en France avec l’aide d’Adeline la grand-mère maternelle.
En grandissant, Assia voudrait en savoir plus sur ce jardin à La Marsa où souriait sa mère, sur ce pays ensoleillé aux effluves puissants, que son père refuse d’évoquer.
Sa quête d’identité se heurte au silence du père. « Les mentalités de son pays, il les connaît. Assia a un destin à se bâtir avec un homme moderne. Il la voit descendre d’un avion pour en reprendre un autre, voyageant à travers le monde. Elle est vêtue d’un tailleur impeccable, une mallette à la main… » Mais le cœur d’Assia la conduit vers Amine, un étudiant venu d’Algérie, de cette rive de la Méditerranée qui occupe tous ses rêves.
Pour le père, c’est l’effondrement de tous ses efforts. Mais c’est aussi une plongée obligée vers ce passé qu’il évite depuis tant d’années. Il revoit sa mère, qui s’est tuée à la tâche pour payer ses études, il revoit son ami à qui il a cessé de donner des nouvelles depuis si longtemps. Tout revient, tout remonte… Que faire ?
Des personnages attachants, une construction exigeante, une écriture riche en images, en parfums, en saveurs, rendent à la fois fascinante et délicieuse la lecture de ce roman sur les relations passionnées entre les deux rives de la Méditerranée.

Serge Cabrol (Encres Vagabondes N°29)



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avec Cécile Oumhani



Paris-Méditerranée, 1999
158 pages - 14,50 €






Paris-Méditerranée, 2001
172 pages - 14,50 €









Paris-Méditerranée, 2003
184 pages - 15 €