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Anne PERCIN


Comment (bien) rater ses vacances



Chers parents,
Mon stage de survie en milieu hostile se passe bien, merci. J'espère que vous êtes pas trop morts, rapport aux frais de rapatriement qui doivent coûter bonbon depuis la Corse. Sinon, moi ça va, j'ai mangé Hector mais pas tout d'un coup, j'en ai congelé un bout pour le mois prochain. Heureusement que j'ai l'eau-de-vie de Mamie, ça m'aide à tenir. Si jamais vous ne reveniez pas, ce serait sympa de m'envoyer un mandat parce que la prostitution masculine, ça marche pas trop dans le quartier. Bon, ben je vous laisse, c'est l'heure de ma piqûre d'héroïne.
Gros bisous,
Votre fils bien-aimé, Maxime.

Comme tous les matins, je fais ma correspondance. Imaginaire, évidemment. Je ne la poste pas. Ce qui ne m'empêche pas de l'écrire, sur des Post-it que je colle sur le frigo. Ça me détend.


Ce qui contribue beaucoup à l’intérêt de ce roman, c’est le langage vif et l’humour parfois acide que l’auteur manie avec brio. La lettre ci-dessus en est un exemple de même que certaines notes en bas de pages ou les répliques que les personnages échangent oralement ou par Internet.

Maxime a dix-sept ans et cette année ses parents ont décidé de profiter de leurs congés pour effectuer une randonnée en Corse. Les enfants ne sont pas obligés de les suivre. Alice, qui a presque dix ans, préfère une colonie de vacances en Bretagne avec sa copine Lou. Maxime choisit de passer le mois chez Mamie Lisette, sa grand-mère paternelle, au Kremlin-Bicêtre.

Le Kremlin-Bicêtre, ça a beau être à quelques arrêts de bus d'Ivry, pour moi c'est l'exil à Guernesey, notre datcha dans les steppes de l'Oural. C'est loin et c'est beau, parce que là-bas, il y a un jardin, et dans ce jardin, il y a un cerisier, et dans ce cerisier, il y a un chat. (Et dans ce chat, je ne veux pas savoir ce qu’il y a parce que ça doit être dégueu.)

Le roman raconte donc le mois que Maxime passe chez Mamie Lisette et ce qui pourrait être dramatique se révèle désopilant. La grand-mère se retrouve à l’hôpital et l’adolescent seul à la maison avec le chat Hector. Heureusement, il y a la guitare électrique, l’ordinateur et Internet.

Sur « Spacebook », il dialogue avec ses copains de lycée, dont le tristement célèbre Kévin, le garçon le plus sévèrement touché par l'acné de tout Villejuif, et Alexandra, une fille, ce que son prénom laisse deviner – un handicap charmant qu'elle tente de dissimuler derrière une violence verbale et physique qui défie l'imagination.

Mais sur son réseau social, il rencontre aussi une créature improbable nommée Pika Schuman, dont l'avatar n'était autre que le Pokémon le plus célèbre : Pikachu. Une honte que j'aurais éliminée aussitôt si la liste de ses propres amis n'avait pas été aussi impressionnante. Des amis de tous les pays, de tous les âges, de tous les sexes. Je me suis demandé comment l'idée lui était venue de m'envoyer une invitation, et j'ai regardé si nous partagions des goûts communs. À part Sherlock Holmes, je n'ai rien trouvé de pertinent. Ils vont rapidement apprendre à se connaître et leur correspondance va prendre une place importante dans le roman et dans la vie de Maxime.

Beaucoup d’émotion et de sourires dans ce livre qui devrait intéresser et amuser de nombreux lecteurs. Anne Percin sait raconter les histoires et les ados seront vite embarqués dans le sillage d’un Maxime un peu déjanté mais bien sympathique.

Serge Cabrol 
(29/12/10)    



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Jeunesse









Editions du Rouergue

Collection doAdo
192 pages - 11,50 €




Photo © John Foley / Opale
Anne Percin,
née en 1970 à Épinal,
a déjà publié une dizaine de livres pour la jeunesse et reçu une dizaine de prix.



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