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Perdre sa mère est toujours douloureux mais perdre sa mère de
son vivant est encore plus terrible. C'est ce que nous livre Nathalie Rheims
dans ce roman où se mêlent fiction et réalité : "J'ai
perdu ma mère. Elle a disparu il y a plus de dix ans. Ma mère
est morte, je le sais. Mais, lorsque j'y pense, je ne ressens aucun chagrin,
pas la moindre émotion. Tout reste plat comme une mer gelée, pas
un seul petit frémissement à la surface de l'eau. Quand je pense
à elle, il ne se passe rien. Je l'avais perdue bien avant qu'elle ne
meure..." La narratrice parle de ce moment où sa mère a quitté le domicile pour aller vivre avec son amant artiste qui, peu à peu, l'a phagocytée. Elle n'a pas compris comment une mère pouvait ainsi abandonner son enfant alors qu'elles s'entendaient si bien. Peu à peu, nous pénétrons dans le monde secret de cette
famille où le silence est la règle d'or. Taire ses émotions,
ne pas créer de conflit, respecter les codes instaurés depuis
des générations, voilà ce que la narratrice doit subir
et admettre pour éviter de sombrer. La narratrice va se sauver grâce à l'écriture. Parler de
tout ce qu'elle a vécu lui permettra de dépasser ses déceptions,
ses douleurs, ses désirs de vengeance et peut-être pourra-t-elle
ainsi se reconstruire et vivre sa vie en tant que femme indépendante. Nous découvrons aussi les manipulations financières de sa famille : "Un soir, au cours d'un dîner chez l'un d'entre eux, j'avais entendu une étrange conversation. Il était question d'un nouveau produit financier qu'ils appelaient "le prêt à neutrons". Je me souvenais que cette expression m'avait fait sursauter. [ ] Lorsque notre monde commença à s'enfoncer dans la crise avec l'affaire des subprimes, cette conversation me revint à l'esprit, et j'eus enfin la réponse à ma question. C'était bien une fraude, mais personne n'était coupable ou responsable." Beaucoup de passages sur l'Art montrent que : "Aujourd'hui, c'est devenu un marché à court terme. Acheter et vendre dans un temps record, faire des plus-values sans se soucier du sens et de la survie d'une uvre." Les allers-retours entre le point de vue de la narratrice et le fonctionnement
de sa famille montrent bien le désespoir de cette jeune femme et les
dérives d'une famille où l'argent domine et où les sentiments
ne sont pas prioritaires. Brigitte Aubonnet (27/08/12) |
Sommaire Lectures Léo Scheer 256 pages - 19 € J'ai lu 192 pages - 7,20 €
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