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Collectif

Sortilèges sahariens



Le désert est un lieu mythique, un lieu de rencontres, de solitude, de beauté, de rudesse, d’angoisses, d’émerveillements… Chacun a son désert, chacun vit son désert.
Sortilèges Sahariens n’a pas pour objet de décrire le Sahara réel et Behja Traversac le présente plutôt comme une promenade cosmique, une danse comme un songe à étreindre.

Ce livre offre la diversité des regards avec des écritures poétiques, sensibles qui ne décrivent pas mais vivent le désert et nous le font vivre avec des photos emplies de lumières, de nuits, d’eau et de sécheresse, de pierres et de sable, d’humains et d’objets… Une multitude d’approches pour nous emmener dans le rêve et les rêves. Dix neuf écrivains et six photographes allient la magie des mots et des images pour livrer leurs sentiments sur ce lieu qui peut émerveiller ou angoisser. Au travers de vies différentes et d’expériences multiples, on retrouve les émotions vécues en plein désert.

« Elle n’avait jamais vu autant d’étoiles. Julia reçut cette féerie comme un hommage du ciel. » Djilali Bencheikh parle d’une jeune adolescente qui découvre le désert lors d’un nouvel an avec ses parents. Elle conserve une relation épistolaire avec le guide.
Karima Berger parle de sa relation avec "Le Livre" qui lui a ouvert les portes de la liberté : « Le Livre qui appartient à tous, avait trouvé, pour moi seule, son lieu, c’était mon lieu de naissance, je goûtais une liberté, inédite et fière, il n’y avait ni groupe, ni communauté, ni famille, ni religion à laquelle il me fallait plier, non, juste ma joie de lire, moi toute seule. »
Maïssa Bey raconte « comment s’est inscrite au cœur de la pierre la légende d’un amour. Un amour qui a pris naissance au détour d’un dédale de rues ombreuses transpercées ça et là de puits de lumière et qui est venu mourir là, au cœur de la pierre. » « Il y a sur les rives du silence tant de rêves ensablés. » L’écriture très poétique de Maïssa Bey nous transporte dans l’éternité, la solitude, l’amour, la nature…
Des poèmes d’Amina Saïd, de Cécile Oumhani, de Catherine Rossi, de Tahar Bekri… accompagnent ce vagabondage riche de beauté, de visions, de bruits, de sentiments…
« Quelles clameurs oubliées
Pas furtifs d’amants désunis
Sentes d’enfants devenus rois
Offrent à tes doigts
Les ultimes mots de leur chant »
Cécile Oumhani

L’eau de la guelta, les fleurs, les couleurs avec une palette de bleus, le sable, le thé à la menthe se côtoient : « Le jour est ruisselant d’ocre sur la crête d’une dune lorsque le thé bouillonne dans le cuivre au soleil déclinant... » Marie Virolle.
Tout pousse à la méditation : « Les hommes dans les sables tirent sur leurs yeux brûlés d’étoiles un pan d’étoffe, et songent. »

Ahmed Kalouaz décide d’aller dans le Tassili. Il remonte dans le temps, dans ses souvenirs, sur les traces de son père : « En posant le pied au Tassili, je retrouvais le royaume du vent minéral, des étendues blondes, l’or et les îlots rocheux de toutes tailles. Mais aussi, une histoire entre deux êtres, que la course des jours avait laissés sur le bord d’une route. »
Leïla Sebbar part à la recherche des personnages du désert : « Le désert des poètes arabes. Une poésie de la trace, les nomades vivent aussi, le désert est leur maison. »
Benamar Médiène nous rappelle que « les gisements de signes du Tassili et du Hoggar sont à la fois des galeries à plein ciel et des ateliers de peinture, de gravure et de sculpture où la pédagogie de la liberté est le seul excitant de l’imagination, de l’œil et de la main. […] De la gravure à la graphie, c’est la pensée qui est traduite en signes. »

Le désert est un poète selon Behja Traversac aussi seul que le poète. Le désert nous offre ses vents de sable, ses nuits sublimes, ses rocailles... et le temps : « Le temps atteint mon corps mais mon corps n’est pas séparable de mon esprit et là est ma force. Mon corps est le voyageur immobile qui murmure à l’oreille du silence ; il est aussi cet esprit impalpable qui imprègne mes pierres, qui hante mes dunes, qui hulule dans le vent. Je dure de l’exténuement de mon corps et de l’ombre inaltérable de mon esprit. Toujours en éveil. Pareil à un charbon ardent. »

Pour terminer quelques textes sont écrits par Mourad Yelles en hommage à Jack Kerouac, à Alfred Jarry, à Mohammed Dib…

« C’est ainsi que l’on revient du désert : à chaque fois plus fort de vie, plus lourd de sa foi, plus riche de secrets. Plus aimant. Et grandi. » écrit Alain Vircondelet.

Nous sortons émerveillés, enrichis et grandis de Sortilèges Sahariens, livre ensorcelant que nous quittons à regret. C’est un livre à lire, à relire, à regarder puisque les nombreuses photos offrent les regards et les lumières enchanteresses de ce lieu. C’est un livre d’art à offrir pour donner du plaisir d’autant plus que le prix est très raisonnable. Un cadeau pour les yeux et la pensée.

Brigitte Aubonnet 
(23/05/09)    



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Lectures









Chèvre Feuille Étoilée

208 pages - 30 €

Format 28 x 24

120 photos





















Détails de photos présentées sur
le site de l'éditeur :

Chèvre Feuille Étoilée