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Georges SCHEHADÉ
Anthologie du vers unique
Georges Schehadé est né le 2 novembre 1905 à Alexandrie,
il mourra le 17 janvier 1989 à Paris. Poète et auteur dramatique
libanais de langue française, son travail a été très
rapidement reconnu et certaines de ses pièces de théâtre jouées
un peu partout à travers le monde.
En 1976, il vit à Beyrouth. La guerre est présente, elle torture
sa ville de bombardements répétés. Il écrit à
sa sur : Notre quartier a reçu en une seule nuit trois cent cinquante
roquettes. Je n'ai pas bougé de mon lit
Pour fuir les horreurs
de cette guerre qui se précise, Georges Schehadé se plonge dans
la lecture des poètes qu'il aime. L'idée d'une anthologie de la
poésie lui vient, mais pas n'importe quelle anthologie : une Anthologie
du vers unique ! (parue chez Ramsay en 1977). J'ai sorti des vers de leur
contexte. Ils retrouvent ainsi une violence qu'ils perdent à être
lus avec le flot de syllabes écrit-il. Ainsi à chaque roquette
qu'il entend tomber non loin de lui, il répond par un vers qu'il choisit
dans une uvre, un vers nu comme une flèche qu'il extrait percutante
d'une uvre qu'il aime, un peu comme s'il sortait une arme de son fourreau
:
Un incendie est une rose sur la queue d'un paon
Ou bien
Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige
Chaque page de l'Anthologie du vers unique de Georges Schehadé
ne contient qu'un vers unique, aucune indication sur l'auteur ou sur l'uvre
à laquelle ils appartiennent ne nous est dévoilée dans
ces pages (219 en tout et pour tout). Mais pour toutefois assouvir notre curiosité,
une table des matières et un index, nous permettent de retrouver le criminel
de ce vers abandonné à notre plaisir de lecture.
On se souvient (Sans doute
Peut-être
) du fameux poème
que Guillaume Apollinaire ajouta in-extremis avant la mise sous presse de son
recueil Alcools (1929) chez Gallimard : Et l'unique cordeau des trompettes
marines. Point final ! Un alexandrin magnifique et bien hermétique,
mais si doux à nos oreilles et à notre inconscient qu'il en devient
troublant. Georges Schehadé avec son Anthologie du vers unique
a réussi l'exploit de nous livrer autant de trésors de Jean Aicard
à François Villon (par ordre alphabétique dans l'index),
qui réjouissent nos oreilles et nos inconscients.
On peut également lire de Georges Schehadé les courts recueils
de poésie qu'il a publiés et que l'on retrouve rassemblés
dans un volume de la collection Poésie/Gallimard (2001). J'ai, par jeu,
extrait des vers de leurs contextes dans ces cahiers de poésie, par exemple
: La terre où le soleil meurt comme un cheval boit ou bien Quand
le silence est beau de mille oiseaux ensemble
Ces vers uniques sont,
comme tous ceux qui composent l'Anthologie, proches du nombre d'or.
Les éditions Barrillat ont eu l'heureuse initiative de rééditer
en 2011 cette belle anthologie aussi intime et universelle qu'un livre de chevet.
Allez, pour le plaisir, un dernier pour la route :
Je t'aimais inconstant, qu'aurais-je fait fidèle ?
David Nahmias
(23/12/11)
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Poésie
Éditions Bartillat
240 pages - 12 €

Georges Schehadé
(1905-1989)
Bio-bibliographie sur
Wikipédia
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