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Shaun Tan
Les histoires d'un génial imagier
Très tôt, les spécialistes s'étonnent du graphisme
et des scénarios de ses bandes dessinées qui transcendent d'une façon magistrale le cadre et les lois du genre.
Le merveilleux, l'humour et le fantastique déclinés avec un bonheur
rare dès ses premiers albums (en 1996) lui valent la plus haute marche
du podium, à Angoulême en 2008 et à Bologne (prix Astrid
Lindgren) en 2011. Shaun Tan (né à Perth, Australie, en 1974)
ne se limite pas au seul livre d'images. Il s'impose comme un auteur majeur
et précoce dont la narration graphique se prête aux métamorphoses
du théâtre, du cinéma, de la comédie musicale et
du spectacle de marionnettes.
Dans le quotidien de Shaun Tan, la réalité ne dépasse pas
la fiction. L'une et l'autre s'interpénètrent, en fait, à
la faveur d'histoires extraordinaires et cocasses où l'invention du conteur
est magnifiée par la facture du dessinateur qui est aussi un bon, un
excellent peintre. Diplômé de l'université de Melbourne
en arts plastiques et en littérature anglaise, ses recherches graphiques
et ses récits oniriques sont nourris de l'observation de ses contemporains
ainsi que de la geste de ses ancêtres, australiens (maternels) et sino-malaisiens
(paternels). Sur les planches de ses bédés, par le truchement
de la mine de plomb, du stylo à bille, du pastel, de l'encre, du collage,
de l'huile, de l'image numérique ou de l'acrylique, il saisit avec une
apparente facilité et d'un trait nerveux et sobre l'air du temps, les
aspirations sociales et politiques de ses semblables, les décors de la
ville et les paysages de la campagne. Autant de sujets auxquels il impose le
formidable dérèglement de son imaginaire. Autant d'esquisses qu'il
consigne dans l'aide-mémoire d'une multiplicité de carnets. Autant
d'interprétations qu'il convoquera le moment venu pour la conception
du prochain album.
"Mes sujets de prédilection, reconnaît-il dans L'Oiseau
roi, sont les paysages, que je trouve infiniment évocateurs
en tant que formes abstraites et cartes conceptuelles. Les tensions entre les
formes naturelles et celles fabriquées par l'homme m'intéressent
au plus haut point, et c'est un thème qui se retrouve de manière
récurrente dans tous mes récits et mes peintures."
"Certains de ces dessins, enseigne-t-il dans le même ouvrage,
sont le résultat d'une simple observation, de rapides interprétations
de tout et n'importe quoi, d'objets de musées à des images de
magazines. (
) D'autres n'ont rien à voir avec l'observation, mais
bien plutôt avec l'imaginaire : de tout petits gribouillis ouvrant une
voie entre préoccupations éveillées et subconscientes."
Parmi la trentaine de ses livres, Là où vont nos pères,
L'Arbre rouge, Contes de la banlieue lointaine et La
Chose perdue condensent la "manière" explosivement
nouvelle d'un génial imagier dont la rhétorique de l'écriture
et le dessin relativement naturaliste dans le schématisme semblent avoir
tiré de ses devanciers toute sa puissance expressionniste.
Claude Darras
(26/09/12)
Lire sur notre site les "Papiers collés" de Claude Darras
Shaun Tan, l'auteur-illustrateur australien, n'a pas fini de nous surprendre.
Bibliographie
- Là où vont nos pères, Dargaud éditeur,
128 pages, 2007
- Contes de la banlieue lointaine, Gallimard jeunesse, 96 pages,
2009
- L'Arbre rouge, Gallimard Jeunesse, 32 pages, 2010
- L'Oiseau roi et autres dessins, Gallimard Jeunesse, 132 pages,
2012
- La Chose perdue, Gallimard Jeunesse, 32 pages et un DVD de 15
minutes, 2012
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Jeunesse
Gallimard Jeunesse
(Septembre2012)
32 pages - 22,50 €
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