Un roman d'amour et de passion qui nous entraîne très vite en
Syrie et se déroule pour l'essentiel dans un chantier de fouilles archéologiques.
Roman d'amour du point de vue de Margaux, la narratrice, tout étonnée
de voir débarquer chez elle, en banlieue parisienne, Howard Lejeune,
l'homme dont elle était amoureuse seize ans plus tôt, lors de leurs
études en Belgique. Howard était ensuite parti fouiller en Irak,
Margaux lui avait écrit, les lettres n'étaient pas parvenues à
leur destinataire. Fin provisoire de leur amour de jeunesse
Margaux a rencontré un musicien, s'est mariée, a divorcé
et se retrouve finalement libre de tout engagement. Professionnellement, elle
n'a pas réussi à trouver sa place dans l'univers impitoyable des
chercheurs universitaires, pas plus que dans les musées de Belgique,
et s'est rabattue sur la proposition du Centre Pompidou : animer des ateliers
pour les enfants
Ainsi ont passé les seize années. Et voilà
que réapparait le bel Howard
Roman de passion pour Howard Lejeune. Rien ne compte autant que ses recherches
et la découverte du tombeau d'un guerrier en Syrie. Pour lui, il n'y
a pas de doute, ce tombeau renferme les restes de Lugalzagezi, un roi sumérien
vaincu par Sargon, roi d'Akkad. Après sa défaite, Lugalzagezi
a été humilié, traîné d'une ville à
l'autre, et puis
il a disparu. Et Howard est convaincu de l'avoir retrouvé.
Mais pour en convaincre les autres, il faut résoudre le problème
de la datation, situer avec précision l'année de la construction
du tombeau entre 2371 et 2187 avant Jésus-Christ, soit sur une période
de deux siècles selon les avis contradictoires des archéologues
Dès leur diner de retrouvailles, Margaux perçoit que la vie commune
qui les attend ne sera pas un long fleuve tranquille. Comme un clin d'il
aux romans d'aventures populaires, quelques phrases introduisent une atmosphère
de suspense.
"Si j'avais fait preuve de plus de perspicacité, j'aurais senti,
j'aurais compris l'ampleur du désastre qui s'annonçait, mais je
crois que j'étais déjà sous le charme
"
Même regret de ne pas avoir tenu compte des conseils d'une amie.
"- Prends bien garde à toi, Margaux. Les roses, le retour du héros,
c'est bien beau, mais tout cela peut te mener très loin, beaucoup plus
loin que tu ne le penses.
J'éclatai de rire et me penchai par-dessus la table pour embrasser mon
amie. [
]
J'aurais mieux fait de l'écouter."
Mais voilà, elle n'a pas écouté son amie et nous l'accompagnons
sur son chemin de Damas où elle rejoint Howard sur le site de ses fouilles.
De très belles pages pour décrire les membres de l'équipe,
le rôle et la personnalité de chacun et l'atmosphère à
la fois sérieuse et détendue qui règne sur le chantier.
L'auteur, historienne et archéologue, met en scène ses personnages
avec beaucoup de précision, autant les difficultés du travail
dans la poussière et la chaleur que l'émotion de la découverte
d'un objet fabriqué et utilisé quatre mille ans plus tôt.
Mais, comme nous en avions été prévenus, la lutte est âpre
pour ceux qui veulent absolument avoir raison et tous les moyens semblent bons
pour défendre une théorie ! Des papiers importants brûlent
inopinément, des échelles changent de place pendant la nuit, des
scorpions se retrouvent dans un lit où ils n'ont pas pu arriver tout
seuls, des photos disparaissent des appareils numériques, un archéologue
fait une chute de vingt mètres
Malédiction ou actes malveillants
?
Respectons le suspense et laissons le lecteur découvrir lui-même
l'ampleur du désastre au fil d'un roman aussi palpitant que bien
documenté. Un grand bonheur de lecture !
Serge Cabrol
(16/04/12)