L'amie

Bien avant la page de titre, un prologue muet nous présente une craquante petite fille rousse dans un gigantesque lit à baldaquins, minuscule point de couleur au milieu du fond sépia d’un luxueux décor. Puis dans une succession d’illustrations, elle chausse ses lunettes, sort du lit et ramasse un nounours qui ne la quittera jamais ; pieds nus, elle descend un escalier monumental, embrasse une maman rose bonbon tandis qu’un papa regarde ostensiblement sa montre et qu’une domestique noire range les bagages dans le coffre de la voiture. L’Amie, c’est elle ; l’histoire peut commencer.

Belle est très souvent seule (et nous ne verrons de ses parents qu’une image guindée évoquant les années cinquante) en compagnie de Béa, dans la grande maison au bord de l’océan. Plus qu’une gouvernante ou une nourrice, Béa est un guide débordant d’amour qui lui montre le chemin de la vie. La semaine est rythmée par les multiples travaux de la maison : lessive, repassage, ménage, emplettes, cuisine, auxquels la fillette participe à sa manière sous le regard attentif de Béa. La tâche accomplie, elles vont à la plage « Mains dans la main, Belle et Béa, au bord de l’eau… ». Mais un jour comme les autres, Belle décide de sortir jouer seule : « Je suis grande, je fais ce que je veux ».

Cet album, Sarah Stewart le dédie « à toutes les personnes qui ont un jour sauvé la vie d’un enfant » et l’on comprend lors d’un épilogue, muet lui aussi, qu’il s’agit d’une histoire vécue.
Beaucoup de nostalgie dans ce récit rythmé par un texte elliptique et des aquarelles belles comme un souvenir d’enfant. Le procédé narratif, inventif et subtil, dessine un portrait bouleversant de Béa, femme de peine et de cœur.

Patricia Châtel 



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Jeunesse





Sarah Stewart,
L'amie

(illustrations de
David Small)
Editions Syros, 2005
21 x 28 cm
48 pages - 16 €

à partir de six ans