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Jean TEULÉ

Le Montespan



La Montespan, on connaît. Elle a laissé dans l’histoire une trace en double teinte, brillante et sombre ; favorite de Louis XIV, entre la duchesse de La Vallière et la marquise de Maintenon, mêlée à l’affaire des poisons et autres messes noires…
Mais "Le Montespan" ? Qui était-il ?
Jean Teulé nous entraîne avec bonheur au XVIIe siècle pour partager avec Louis-Henri de Pardaillan, marquis de Montespan, la jalousie d’un homme fou d’amour pour sa femme et de colère contre son roi.

Le roman s’ouvre sur la rencontre fortuite en 1663 de Françoise de Rochechouart – qui choisit de changer de prénom : « Pour sacrifier à la mode de l’Antiquité, qui est le dernier chic, je me ferais bien appeler Athénaïs » – et du marquis de Montespan. Ils se marient tout de suite et le début de leur relation commune n’est qu’amour fou et galipettes en tous lieux.
Le style de Jean Teulé ne cherche pas à singer la langue du XVIIe et les expressions sont parfois crues, directes ou imagées.
« Le mari, d’un mouvement de nuque, prend de l’élan pour plonger un baiser profond dans le sexe de sa femme, mais elle lui bloque le front avec ses paumes et le prévient qu’elle a ses règles :
- Le cardinal loge à la motte ! 
»

Seulement, l’amour et l’eau fraîche ne suffisent pas longtemps à la belle Athénaïs qui rêve d’argent et de luxe.
Le marquis, dont la famille est ruinée et en disgrâce, ne voit d’autre issue que la carrière militaire. « - C’est le seul moyen de s’en sortir puisque les aristocrates n’ont pas le droit de travailler et que les affaires, le commerce intérieur, nous sont interdits. »
Malheureusement, sa campagne en Lorraine ne lui apporte ni argent ni honneur et les dettes ne font que croître.
Un deuxième essai en Algérie n’est guère plus concluant et il manque y laisser la vie.
Athénaïs ne supporte plus le petit logement et la vie de mère de famille (Marie-Christine est née en 1663 et Louis-Antoine en 1665).
Alors, bien sûr, lorsque la duchesse de Montausier lui propose de devenir dame d’honneur de la reine, elle n'hésite pas longtemps.
Et de la chambre de la reine, la belle Athénaïs bascule vite dans le lit du roi…

Beaucoup d’hommes envient le sort qui pourrait être celui du Marquis s’il acceptait la situation.
« - Il y a quatre ans que vous avez été unis par les liens du mariage et vous aimez encore votre épouse ? Si je puis me permettre, votre poissonnier éprouve le même penchant pour la sienne. Mais vous, monsieur, vous êtes marquis ! »
« Le prince de Soubise a montré une autre élégance et pourtant lui aussi, au début, rechignait quand Louis posa les yeux sur sa femme. […] Il transforma en corne d’abondance les cornes de la honte. »

Mais le mari jaloux ne l’entend pas de cette oreille et Jean Teulé raconte avec un ton vif et épique tout ce que le cocu entreprend pour reconquérir sa belle. Insolence, provocations, supplications, interventions impromptues à Saint-Germain-en-Laye ou Versailles avec un carrosse peint en noir et orné de superbes bois de cerfs. Tous les coups sont permis pour mener son combat…
Le roi s’en irrite : «  - Eh bien quoi, je baise sa femme ! Que pourrais-je faire de plus pour lui ? »

Roman historique, roman d’amour et d’humour, une lecture passionnante et hors des chemins battus. Pour une fois, le héros n’est pas le roi ou sa maîtresse mais le mari bafoué qui conteste certaines règles de la monarchie absolue. Un citoyen qui ne se contente pas d’être un sujet… Où va-t-on ?

Serge Cabrol 
(07/04/08)    



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Editions Julliard

330 pages, 20 €

Prix
Maison de la Presse
2008





Jean Teulé


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