Sylvie Weil est née aux Etats-Unis et a grandi en France. Cela se sent très fort dans ce roman dont l'un des thèmes est le mélange des familles et des cultures.
Julien, issu d'une famille d'intello juifs marxistes athées, éparpillée entre Paris et New York, va épouser Linda, la Portoricaine du New Jersey à la tribu exotique, exubérante et généreuse dont certains membres entretiennent des relations intenses avec Jésus.
Pour Elsa, végétarienne et obstinée, professeur de français et écrivain, maman attentive de ce garçon qui boîte et parle lentement, de cet être fragile qu'elle a élevé seule, protégé et aidé à être comme les autres, c'est la panique. Les autres « des gens coriaces et insensibles, des brutes derrière leurs sourires » vont démolir son pauvre chéri avec leur mode de vie déréglé et fantasque.
Une bulle cauchemar va alors l'engloutir sans que les siens et notamment Thomas, le père de Julien, ou Jonathan, son compagnon actuel, ne comprennent rien à cette guerre dont le fils est l'otage.
Mais, la bataille contre l'amour est perdue d'avance. Au fil des pages le garçon timide et renfermé va devenir homme. La mère possessive, le jour venu, n'aura plus qu'à s'oublier devant ce bonheur qui le transforme. N'est-ce pas en fin de compte l'essentiel ?
La fête orchestrée par Linda, princesse du soleil et des excès, sera inoubliable. Quand la salsa échauffe le sang, l'amour, l'espoir et la joie fleurissent, unissant les protagonistes de cette noce étrange dans un grand élan.
Cette chronique sensible d'un mariage qui semble contre nature, de la difficulté d'une mère à abandonner son fils, est prétexte à une galerie de portraits hauts en couleurs et en contrastes qui révèlent avec habileté et précision les microcosmes sociaux en présence.
Ce roman, écrit avec humour et délicatesse est un bel hymne à la vie.

Dominique Baillon-Lalande