Marc WEITZMANN, Une place dans le monde



L'ironie, la dérision, l'humour se faufilent tout au long de ce roman qui relate ce qu'il y a sans doute de plus grave dans l'existence d'un homme : la recherche de son identité. Car Une place dans le monde, derrière l'apparence d'une autobiographie, est un livre de fiction complètement délirant. A l'instar de Max, le personnage principal, un mystificateur – et à ce titre toujours ambigu et double –, chaque protagoniste porte en lui son contraire, à l'exception peut-être de la mère, sûre de ses convictions communistes et prolétariennes. Le père, ce petit homme étriqué, osera changer sa vie ;  la fille de Max, ex-droguée devient juive orthodoxe ; la secte sioniste que rencontre le narrateur à Tel-Aviv prône les relations sado-masochistes ; mais surtout le narrateur rencontre, grâce ou à cause de Max, une histoire qu'il pensait n'être pas la sienne mais qui depuis la mort de son père, va le hanter à jamais : ce judaïsme qui n'est pas le sien, il le côtoie, le contourne et s'y cogne. Cette quête de soi est un tourment sans fin car personne n'a de réponse (Max est un disciple du magicien Houdini). Qu'est-ce que qui est vrai, qu'est-ce qui est inventé ? Ces questions que se pose le narrateur, le lecteur se les pose à propos de cette œuvre dont l'ambiguïté fait toute la densité.

Loin de tous les dogmatismes, servi par une écriture à la fois fine et riche, ce roman se lit avec un vrai plaisir et décèle un véritable écrivain.

« Tout d'abord – précieux détails du souvenir avant le temps narratif – le petit ventre rebondi de mon père, sous la chemise blanche, avec la cravate qui pend au-dessus d'une assiette de gigot dont il essaie de venir à bout. Les rires nerveux, la conversation brisée, les miettes de pain sur le tissu de la nappe, sur le pantalon de tweed. La sueur. La tension (cette haine par quoi l'amour passe entre un père et son fils). »

Monique De Carvalho 



Retour
Sommaire
Lectures





Editions Stock
464 pages
22 €