Hyam Yared vit à Beyrouth (Liban) où elle est née. Elle est poétesse et narratrice. Ses thèmes de prédilection sont la condition de la femme, la force du désir. Thèmes que nous retrouvons dans Naître si mourir. D’emblée, je vous dis que j’ai aimé ce recueil pour ses thèmes et pour son écriture. L’écriture m’a causé grand trouble et la thématique envoyé, bousculé au charivari de mes pensées.

Une femme, en détresse face au vide, essaye de se retrouver en prenant appui sur différentes parties de son corps, essaye de rassembler ce que la souffrance éparpille. Dans ce désir de tenir malgré cette étrange désarticulation où le plein engendre le vide, où, dans ce qui est partage, je est le désert d’un autre, il faut entendre que dans la violence du désir partagé, cet autre ne pourra jamais complètement combler ce vide.

Tu coules à peine de ta main. Toi – œil immense sur mon corps. Vois la route qui res- semble au cyclope. Dans ton pas l’horizon est une cheville en feu. Nos sanglots remontent par les hanches. Tu es récipient d’un autre. Ton corps est mon mirage. On ne s’appartient pas. La flamme a sa perspective du feu

Dans ce mouvement vient s’affirmer le titre du recueil Naître si mourir. Il faut accepter de se perdre pour trouver une nouvelle perspective, autre que celle jusqu’ici perçue. Peut-être que vivre est le dernier mouroir / Peut-être qu’aimer… vient clore le recueil. Tout est en ce désir… On naît à soi-même dans ce donner-prendre de l’acte d’amour. Cette naissance est une possible vie à deux en construction.

Hyam Schoucair Yared nous offre ici un recueil d’une beauté remarquable tant l’écriture y est pertinente, sincère. Dans cet étrange corps à corps entretenu pendant la lecture, j’en suis ressorti bouleversé, tant ce que je lus continue de m’envahir l’esprit. L’écriture de cette poétesse a continué de vivre en moi des jours et des jours. Rarement, un recueil ne m’a fait un tel effet.

Gilbert Desmée 
(22/05/10)