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Anita BERCHENKO


Les hirondelles sont menteuses


Nous embarquons pour un village du sud de la France au cœur du Lauragais. En fait, nous embarquons aussi dans un univers proche de celui d’Annie Saumont qu’Anita Berchenko cite en exergue.
Son recueil de nouvelles est très réussi. L’écriture est efficace pour décrire la place du village et ses habitants, enfin surtout ses habitantes.

Près de Toulouse et non loin du canal du Midi, les personnalités de ces femmes s’expriment dans leur proximité et leur indépendance. Elles se connaissent, elles se croisent et leurs vies sont à la fois quotidiennes mais avec de l’originalité ou de la force et avec surtout beaucoup d’humanité dans toutes ses facettes.

Marthe regarde les boulistes le soir, elle aimait son mari mais il est mort. Comment lui rend-elle hommage, lui qui adorait la pêche ?
« Elle détestait René, pour l'amour qu'elle n'avait pas, pour la solitude de ses dimanches, pour tout ce vide en elle. Les années passaient, les saisons voyaient se succéder les travaux aux champs, et quand bien même l'hiver retenait René à la maison, la haine de Marthe restait tapie, bien sage, pour ressortir intacte au printemps, dès l'ouverture de la pêche. »

Kate Brighton est anglaise, elle a une grande maison qu’elle rénove pour créer des chambres d’hôtes. Elle aime les chats mais que se passera-t-il avec sa chatte préférée ?

Alice aime danser, elle rêve d’une nuit d’amour mais où va-t-elle rentrer le soir ?

Lise a du mal à écrire car elle a peur de faire des fautes d’orthographe. Elle trouve des stratégies. Arrivera-t-elle à écrire une nouvelle ?

Magali a toujours des problèmes avec sa coiffure. Elle crée des bijoux et elle est très amoureuse de Thomas avec qui elle vit depuis cinq ans. Que va-t-il se passer après le déjeuner pris ensemble ?

Emmanuelle et Franck se sont rencontrés sur un site. Tout se passe à merveille mais l’inattendu intervient.

Nadia vit seule, elle s’occupe du magasin de chaussures de sa tante Alice que nous avons rencontrée dans la première nouvelle du recueil. Un drame l’a marquée lorsqu’elle avait dix ans. Elle n’a pas oublié.

Joanna est jeune, elle a vingt ans et un fils de deux ans. Son copain l’a quittée. Elle veut croire à ses rêves mais la vie n’est pas aussi belle que ce qu’elle imagine.
« Et pendant que son fils fait de grandes éclaboussures d'eau en criant et riant, elle s'habille pour sortir. Un tee-shirt blanc, moulant, qui laisse voir son nombril. Un short taille basse, très court. Elle se coiffe, lisse sa mèche sur son front. Elle intensifie son maquillage, rouge pulpeux sur les lèvres et yeux charbonneux.
Elle a hâte, Joanna. Ça la démange, dans les jambes, dans les bras, partout. Elle en a des frissons d'excitation, rien qu'à se dire qu'elle va pouvoir s'amuser. Profiter, un peu, de la fête, des jeux, de la vie.
Faire comme si elle n'était pas juste une mère solitaire, coincée dans un appartement, dans une petite ville étriquée, par l'excès de zèle d'une travailleuse sociale qui, contente d'elle, lui a simplement laissé sa carte de visite au cas où. »

Yvette vit seule aussi. Elle adore l’eau de Javel. Elle fait le ménage chez Thérèse. Elle est consciencieuse mais un jour ses efforts de propreté seront anéantis.

Thérèse est veuve du notaire du village. Une nuit, un terrible cauchemar et un bruit dans la maison la réveille. Que se passe-t-il vraiment ?

Nous découvrons une autrice qui sait très bien créer des personnages, des ambiances, des intrigues avec certaines nouvelles que l’on croit finies et qui continuent et d’autres qui s’arrêtent et nous laisse en suspens.

L’épilogue permet de confirmer les fins que nous avons envisagées. C’est un excellent recueil avec la noirceur des nouvelles d’Annie Saumont et une ambiance de village avec ses différent.es habitant.es à la Paul Fournel comme dans Imagine Claudine ou Les grosses rêveuses, tout en ayant la voix spécifique d’Anita Berchenko que nous serons ravi.es de lire à nouveau.

Brigitte Aubonnet 
(14/10/24)    



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Éditions du 38

(Juin 2024)
148 pages - 14 €

Version numérique
5,99 €










Anita Berchenko