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Jason Sangor, qui dirige une entreprise dans une vallée du Jura, voit sa vie totalement perturbée par un incendie qui s’est déclaré dans la montagne. On est en février, les pentes sont enneigées, mais les sapins brûlent sans discontinuer et le feu ne cesse de progresser. Le roman dure le temps de l’incendie, plusieurs jours pendant lesquels on accompagne Jason dans ses déambulations et ses pensées, ses souvenirs et ses émotions. Le retour dans la maison de l’enfance est aussi une épreuve. Les relations avec son père sont complexes, quasi inexistantes. C’est un homme dur, froid, exigeant, « un homme sans amis mais qui a ses obligés, une cour aimantée par ses millions, malmenée, bousculée, toujours remplie d'espérance. C'est tout juste s'il me calcule, s'il me jette un regard. Il a sa table attitrée au restaurant de la ville, d'où il voit tout le monde, où tout le monde le voit. Il m'arrive de faire des kilomètres pour éviter de manger là. » D’autant plus que dans la maison familiale, il y a aussi son frère, Jonas, qui évolue dans un monde qui lui est propre, errant dans les bois – où il s’est construit une cabane – et autour du lac, parfois un massacre de cerf sur la tête… Pour Jason, le retour dans cette maison, la cohabitation avec son père et son frère, tout le ramène au passé et un visage revient le hanter. Biljana. Un souvenir d’adolescence. Une réfugiée serbe « débarquée au collège en cours d’année et qui s’était avérée courir plus loin plus vite plus acharnés que nous. Il semblait impossible de tomber amoureux de cette fille déjantée, lunatique. » Et pourtant… Elle est repartie depuis longtemps en Serbie mais dans cette atmosphère de fin du monde, au fil de son errance dans les rues enfumées, il est obsédé par son image. « Oui, j’étais intoxiqué par l’illusion, depuis quatre jours, je vivais dans un monde parallèle, je la cherchais partout. » Au fil des pages, la situation continue à se dégrader et l’ombre de la mort vient planer sur cette famille. Nathalie Démoulin, dans ce roman, réussit à créer une atmosphère très particulière, sombre et menaçante, propice à la réflexion et à la remise en question. Nous suivons avec empathie ce personnage bousculé dans ses certitudes et son quotidien, obligé par la violence de l’incendie à se réfugier dans la maison de son enfance et ses souvenirs d’adolescent. Serge Cabrol (18/03/24) |
Sommaire Lectures Denoël (Janvier 2024) 160 pages - 17 € Version numérique 11,99 € Nathalie Démoulin est directrice littéraire aux éditions du Rouergue. Cartographie d’un feu est son cinquième roman. |
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