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Géraldine JEFFROY

Imaginer Calder



Géraldine Jeffroy nous emmène à Saché dans la vallée de l’Indre où Alexander Calder s’est installé et a créé son atelier avec de gigantesques sculptures rouges qui restaient à l’extérieur. Cette vallée est le lieu où Balzac a situé Le lys dans la vallée.
La première maison d’Alexander Calder et de sa femme Louisa James, petite-nièce de l’écrivain Henry James, est nommée François 1er. Ils l’ont achetée en 1953 dans le village de Saché à vingt-cinq kilomètres au sud de Tours. Elle est à moitié troglodyte et Calder y accroche des ustensiles de cuisine qui côtoient un tableau de Miró et des mobiles. Il fabrique aussi des meubles et Louisa des tapis. « Rien de cher, rien de recherché. La réutilisation du vieux pour de l’utile est sa règle, la clé d’un ameublement moderne. » C’est une maison accueillante et beaucoup de monde d’Amérique, de France y passe pour manger, boire, danser, faire la fête, échanger, créer…
Comme Miró il avait « l’esthétique de la joie ».

Alexander Calder aime beaucoup l’univers, les suspensions sans support et réalise de très grands mobiles. « Ce que j’aurais aimé réussir, explique-t-il, c’est la suspension d’une sphère sans aucun support. »
« À partir des années 1950, Calder se lance progressivement dans une expérience inédite. Il veut créer des œuvres à l’échelle du paysage, des œuvres monumentales, à la fois ludiques et architecturales. »
« Les stabiles combinent la gravité terrestre à un élan dynamique zénithal et ils sont si grands que l’on peut, comme le chat caressant, circuler entre leurs "pattes". »
Il utilise tout pour créer. Il réalise aussi des gouaches et joue avec l’eau et les couleurs.
Son père et son grand-père étaient sculpteurs et sa mère était peintre.

Il a travaillé avec les ouvriers métallurgistes qui réalisaient les œuvres qu’ils créaient. Il échangeait avec eux dans les ateliers. Il a laissé un grand souvenir à beaucoup de monde. « À la demande de l’artiste et depuis 1962, une usine tourangelle de métallurgie s’est associée à la grande aventure des géants. Une équipe experte de dessinateurs et d’ouvriers spécialisés accompagne l’artiste dans leur mise au monde. Parmi les employés, on s’étonne bien un peu au début, on ricane… Ça, vraiment ? de l’art ? Mais entre eux et l’artiste, la sympathie est réciproque et immédiate, même si l’on ne se comprend pas toujours… du moins dans les premiers temps. »

Alexander Calder était ouvert et chaleureux avec tous mais n’appréciait pas les mondanités.
Il était aussi engagé dans le monde. « Profondément humaniste, idéaliste, il sera toujours politiquement très engagé, dans ses idées et dans ses actes. Il est pour la liberté des peuples, il est pour la paix et la justice sociale. Les manquements à ces idéaux lui firent parfois perdre l’envie de plaisanter et valut au président Nixon alors en guerre contre le Vietnam quelques paroles acerbes. »
C’est un texte passionnant sur l’œuvre et la vie d’un artiste, libre et joyeux, qui a su allier sa vie personnelle et créatrice dans le bonheur des relations humaines et respectueuses.

Brigitte Aubonnet 
(14/10/24)    



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Géraldine JEFFROY, Imaginer Calder
Arléa

(Mai 2024)
118 pages - 18 €










Géraldine Jeffroy,
née en Touraine,
professeure de lettres, a déjà publié Soutine et l’Écolier bleu (Fondencre, 2019).



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son précédent livre :
Un été à l’Islette