Alex vit à Montréal seul avec son père depuis le départ de sa mère. Sa vie est calme et sans grande surprise. Ce qu’Alex aime, c’est être tranquille dans sa chambre et jouer sur son ordinateur sans être dérangé, un adolescent comme il en existe tant d’autres. Chaque mercredi soir lorsque son père se rend à la chorale, Alex est heureux d’être seul.
Il existe peu de sujets de discussion entre le père et le fils et les émotions n’en font pas partie. Ils vivent l’un à côté de l’autre sans vraiment se connaître.
Un soir, Alex accepte d’aller assister au concert que la chorale donne. L’adolescent découvre son père sous un angle qu’il ne soupçonnait pas et surtout, surtout, il croise Raphaëlle, la fille d’un autre choriste.
Les deux jeunes gens vont se revoir. Alex est bouleversé par cette rencontre, traversé par des sentiments inhabituels.
Mais l’été arrive. Raphaëlle part en vacances chez sa grand-mère, Alex rend visite à sa mère en Colombie-Britannique où elle vit désormais avec son amie. La séparation est pour le jeune homme un vrai crève-cœur mais c’est aussi l’occasion pour lui d’éprouver de nouveaux sentiments très contrastés, sentiments qui le malmènent et le bousculent dans ses relations aux autres.

J’y suis allé doucement au début, puis j’ai pris de l’assurance en découvrant les qualités du parcours et du vélo. Je criais de joie. J’étais presque seul, hormis deux filles qui m’ont doublé à vive allure. C’était magique : silence absolu, décor époustouflant, courbes dévers, rochers à éviter, passages étroits, accélérations soudaines, dérapages et freinages en catastrophe… Je me faisais peur, mais quelles sensations !

Alex n’attend cependant qu’un seul moment, celui de retrouver sa belle. Là encore, cela ne va pas se passer tout à fait comme il l’imaginait. La jeune fille, plus indépendante, ne semble pas lui rendre l’amour qu’il lui voue. Il perçoit la fissure qui fraie son chemin jusqu’à eux.
Entre haine, amour et jalousie, sentiments exacerbés par une adolescence à fleur de peau, le jeune garçon s’enfonce dans l’incompréhension du monde qui l’entoure jusqu’à perdre complètement pied et commettre l’irréparable.

Le texte, à la fin surprenante, et, par ailleurs, très joliment illustré, est bien construit. Il brosse avec subtilité le portrait d’un adolescent fragilisé dont la phase sombre va prendre le dessus. Fin et fort à la fois, il évoque la puissance et les failles de l’adolescence ainsi que les relations parents adolescents.
Voici un beau roman sombre pour des lecteurs à partir de 12 ans.

Cécile Cohort 
(23/09/24)