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Colin NIEL

Wallace


Il y a deux ans, nous avons été très impressionnés par le précédent roman de Colin Niel, Darwyne qui se déroulait déjà à l’orée de la jungle guyanaise. Il n’est pas indispensable, bien sûr, d’avoir lu Darwyne pour se plonger dans Wallace mais on retrouve ici certains personnages.
Dix ans se sont écoulés et Mathurine, éducatrice spécialisée, est maintenant maman d’un garçon de neuf ans, Wallace. Elle est désolée qu’il passe autant de temps sur un jeu vidéo et regrette qu’il aime si peu sortir, marcher et se promener dans la forêt qui est devenue pour elle une passion.

La forêt est à nouveau au cœur de ce roman. Il faut dire qu’il s’y passe d’étranges choses. Des gens ont tendance à y disparaître. Parfois on les retrouve vivants mais pas toujours.
« Ces dernières années, ce genre d'histoire est devenu plus fréquent : on se perd plus souvent qu'avant, tout le monde l'a constaté. Et les gens de ressortir les mythes et les légendes qu'on racontait autrefois pour faire peur aux gamins. De se remettre à parler du Maskilili, créature de la forêt qui ressemblerait à un enfant sans vraiment en être un. Ou à un homme de petite taille, peut-être, il y a différentes versions de l'histoire. Ce qu'on dit, c'est que le Maskilili, il a les pieds à l'envers. Complètement retournés vers son dos et vers l'arrière de ses genoux. Et aussi que son truc à lui, c'est d'égarer les humains aventurés sur son domaine. De les attirer très loin vers les profondeurs du sous-bois. Il y en a pour raconter avoir entendu ses cris si singuliers à la tombée de la nuit. Ou même l'avoir aperçu, debout sur un tronc d'arbre couché, avec dans sa main droite un long bâton. Et un regard si intense qu'il vous transperce le ventre, précisent-ils comme pour rendre la rencontre un peu plus effrayante. »

Quand on lit le portrait du Maskilili, on retrouve la description de Darwyne, ce petit garçon dont les pieds sont restés tournés vers l’arrière malgré plusieurs opérations. Petit, boiteux, bossu… Son enfance était difficile et il préférait la solitude dans la jungle voisine aux moqueries ou aux violences dont il était souvent l’objet. Mathurine s’est beaucoup occupée de lui et une relation affective forte s’était nouée entre eux mais un glissement de terrain a détruit le bidonville où il vivait et il a disparu. Serait-ce lui qui vivrait maintenant dans la jungle ? Mathurine saura nous donner la réponse.

Colin Niel poursuit dans la veine du roman noir en nous confrontant tout de suite à la mort d’une adolescente. Méryane, placée en famille d’accueil, a fugué une nuit et on a retrouvé son corps noyé dans une rivière à moins d’un kilomètre. Que s’est-il passé ? Pourquoi cette fugue ? Qui allait-elle retrouver ?  Sa mort est-elle accidentelle ou criminelle ?
Son père, Tiburce, veut comprendre, savoir la vérité. Il n’a pas su élever une fille. Il aurait préféré un garçon qu’il aurait emmené à la chasse avec lui dans la jungle. Il tue du gibier qu’il vend aux restaurateurs. Des pécaris, des caïmans, n’importe quoi, tout ce qu’on lui demande il le tue et le livre. Méryane n’acceptait pas la vie qu’ils menaient, elle a préféré être placée dans une famille d’accueil.

Mathurine, responsable des placements familiaux, a suivi celui de Méryane et sait qu’on ne peut rien reprocher à Mme Barthélémy, la "tatie" d’accueil. Il n’y a pas eu de défaut de surveillance, l’adolescente a scié ses persiennes pour s’enfuir de nuit par la fenêtre de sa chambre. Au matin, Mme Barthélémy, a tout de suite signalé la disparition.
Mais Tiburce veut tout vérifier, tout examiner… Il rencontre Mathurine plusieurs fois.

Une relation étrange s’instaure entre le père, chasseur, et l’éducatrice, passionnée par la forêt.
Là encore c’est la jungle qui va jouer un rôle essentiel, pas seulement un décor, mais un univers où Colin Niel nous entraîne et nous fait vivre nuit et jour, pour accompagner ses personnages, partager leurs découvertes, leurs émerveillements, leurs peurs, leurs souffrances. Un univers fascinant et impitoyable. Avec le Maskilili comme guide, ce roman est une passionnante expérience d’immersion en milieu hostile.

Serge Cabrol 
(04/10/24)    



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Rouergue

(Août 2024)
336 pages - 21,80 €







Colin Niel,
né en 1976, Ingénieur agronome, a travaillé pendant douze ans dans la préservation de la biodiversité et vécu plusieurs années en Guyane française. Wallace est son huitième roman.

Bio-bibliographie sur
Wikipédia






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le précédent roman
de Colin Niel :


Darwyne