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Dominique PERRUT & Louise NARBO

Chambre 812



Ce quartier
Qui résonne
Dans ma tête

Ce passé
Qui me sonne
Et me guette

(Léo Ferré, Quartier Latin)


Aussitôt entr’ouverte, cette chambre 812 m’a projetée dans une autre chambre, une autre résidence universitaire, une autre cellule de prisonnier volontaire, impersonnelle et triste mais illuminée de couchers de soleil époustouflants sur fond de fumées de papeterie. Les murs tremblent, saturés de musique pop, déformés par la fumée des joints, troublés de battements de cœur, aveuglés de larmes ?

Restons objective. Vingt-cinq ans après ses études, le narrateur (Dominique Perrut) se penche sur le journal qu’il tenait dans la chambre 812 de la résidence universitaire, non loin de la place Denfert Rochereau, où il travaillait sur une thèse de doctorat en économie. Sur les pages de cet album photo tenu par une autre (Louise Narbo), sont scotchés des extraits de ce journal tenu à cette époque et sur d’autres sont imprimés les commentaires d’aujourd’hui forcément tendres pour le jeune homme décidé, triste et solitaire de sa jeunesse, que l’on imagine comme le portrait de couverture, et sévères aussi pour certains épanchements qui frôlent la mièvrerie. La base du journal intime. Où l’on ne sait rien de ce que va être sa vie. Où tout est ouvert mais semble inaccessible. Où de grandes espérances côtoient de profonds désespoirs. Où La météo, les nuages, le ciel prend une grande place parce que, quand on étudie, il n’y a, comme distraction, derrière la fenêtre, que le ciel. Où l’on se plaint de la pluie, du froid, des dimanches tristes, de la solitude, où l’on rage, dégoise, gamberge, explose. Où l’on veut partir, où l’on va partir : Bref, la route pour de bon.

Les photos de Louise Narbo n’illustrent pas mais accompagnent, font écho en noir et blanc : fenêtres, cieux, fumées, silhouettes, solitude des passants, des rues, des routes, des immeubles, enfermement, intimité, cheveux, mains, chaussures, ombres, profils, reflets qui insistent sur la fugacité, l’éclipse, le départ, le temps qui passe et permet au lecteur de se perdre lui aussi sur ses chemins oubliés, entrevus, perdus, retrouvés.

Les années
Ça dépasse
Comme une ombre

Le passé
Ça repasse
Et tu sombres

(Toujours Quartier Latin de Léo Ferré)

Sylvie Lansade 
(06/11/24)    



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Arnaud Bizalion

(Août 2024)
128 pages - 33 €

avec 74 photos N&B







Texte
Dominique Perrut


Photos
Louise Narbo