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« Je suis un veilleur, un gardien de phare, un chien de troupeau. » Les chapitres alternent les narrations, tantôt d’Agathe, tantôt de Jacques Martel, Max dans la Résistance, ancien préfet de l’Eure-et-Loir, Jean Moulin, qui a déjà failli perdre la vie pour ne pas avoir voulu plier sous le joug de l’occupant. Il ordonne dans sa tête la terrible tâche qu’il doit mener à bien, mettre tous les groupes résistants sous ses ordres pour que tous les groupes francs n’agissent que sur instruction de l’Armée Secrète Et ce n’est pas une mince affaire de mettre d’accord, tout au moins de faire agir de concert, des personnalités aussi diverses que des royalistes, d’anciens militaires d’extrême droite, d’anciens militants des partis d’avant-guerre, des socialistes, des communistes, le mouvement de Libération, celui de Combat, les FFI (les Forces Françaises de l’Intérieur), les FTP (Francs-Tireurs et Partisans) ! Un vrai sac de nœuds que s’emploie à démêler Max qui, malgré la tempête qui règne en permanence sous son crâne, garde la tête froide. « Je me sens lieutenant avant tout, celui qui tient lieu de l’absent, voilà ta leçon, Joseph, mon frère, et en exerce tous les pouvoirs et prérogatives avec ce scrupule en plus qu’il se sait dépositaire d’une mission par délégation. Je suis cet homme-là pour le général de Gaulle. » Puis Agathe nous raconte ses amours avec son étudiant en pharmacie. Ses parents pétainistes tiennent une pharmacie. Ils ne savent pas que leur fils Maurice est entré dans la Résistance et voient d’un très mauvais œil qu’il fréquente une étudiante, les universités ne sont-elles pas des nids à communistes, voire à terroristes ? Mais c’est Agathe qui va suivre Maurice et entrer à son tour dans la Résistance. « Par amour, pour venger ma mère, possible, surtout parce que la démocratie est le seul garant du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes… Et que je veux être libre, que Pétain et ses sbires sont des barbares, qu’on manœuvre à faire devenir les Français fascistes de leur plein gré. » Le galiériste, qui dessine dès qu’il a un moment, compare Agathe à Berthe Morisot, la peintre et belle-sœur de Manet. On avance implacablement dans l’histoire de nos deux protagonistes dont on connaît déjà la fin pour Jean Moulin et dès les premières pages du livre pour Agathe. Puisse-t-on sans cesse se rappeler ce qu’on doit à tous ces héros de l’ombre qui sont morts dans d’atroces souffrances pour qu’aujourd’hui nous vivions en démocratie. Il me semble abject, en pensant à leur courage, qu’on puisse dire aujourd’hui qu’on va essayer un parti acoquiné avec des gens qui osent dire qu’un SS n’est pas forcément un assassin, qu’on va essayer un parti qui prône le racisme et la haine, comme on essaie un vêtement pour voir s’il va vous aller ! Grâce à la réédition du livre de Michel Quint, se souvenir encore de ceux qui, se « croyant n’être que des hommes avec la trouille de n’être rien que cela […] quelle que soit votre appartenance politique, résistante, vous êtes des héros, justement de votre humanité nue. Vous ne mourrez jamais. Vous êtes de bronze, pour vous tuer il faudrait fusiller vos statues… » Sylvie Lansade |
Sommaire Lectures Serge Safran (Avril 2024) 256 pages - 23 €
Michel Quint Bio-bibliographie sur Wikipédia Découvrir sur notre site d'autres livres du même auteur : L'espoir d'aimer en chemin Avec des mains cruelles La folie Verdier J'existe à peine Fox-trot Apaise le temps La printanière |
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