Le texte, très court sur chaque page, est dit par le sujet de l’énigme, qui parle à la première personne et s’adresse à l’enfant lecteur. « J’existe depuis très longtemps. J’étais là avant les chiens, avant les jouets, avant toutes les personnes que tu connais. »
Le dessin qui illustre cette phrase montre deux hommes préhistoriques communiquant devant un feu, adossés au mur d’une caverne sur lequel ils ont dessiné un éléphant. En même temps, un troupeau d’éléphants passe sur l’autre moitié de l’image.

La page suivante dit « Mes racines remontent à plusieurs siècles. » tandis qu’un temple se fait manger par un arbre aux racines exubérantes. Au-dessus du linteau de la porte on reconnaît les trois divinités dont l’une se bouche les oreilles, la seconde les yeux, l’autre la bouche.
Comme dans cet exemple, tout l’album est composé, dessiné pour parler autant aux enfants qu’aux adultes pour donner matière à échange.

Les dessins sont très variés, joyeux et poétiques. En parallèle, le texte, lui, entretient le questionnement sur ce narrateur mystérieux dont l’identité n’est révélée que dans les dernières pages : « Je te rends humain » « Je suis le langage. »

Une double page documentaire en fin d’ouvrage nous apprend combien de langues existent et à quelle vitesse elles disparaissent. Un « mot de l’Unesco » rappelle que l’assemblée générale des nations unies a proclamé la période 2022-2032 « décennie internationales des langues autochtones ». Durant cette décennie des efforts seront faits afin de préserver, de revitaliser et de promouvoir les langues autochtones dont beaucoup sont menacées de disparition.

Ce très bel album contribue à mettre en évidence l’importance et la fragilité des langues, vecteurs essentiels du langage qui nous rend humain.

Nadine Dutier 
(08/04/24)