« La traversée en bateau
Chenal ou aborde le port
Quai de pavés et bittes d’amarrage
Je vigile sur le pont
L’espoir se balance
Quand on pose le premier pas… »
C’est un peu le lecteur qui aborde le recueil, poèmes-pavés et bittes d’amarrage de l’œil, strophes de vers libres et ponctuation, des pavés qui parfois ne se terminent pas, « mais… » ou encore « Nous y sommes… » ou finissent sur une question. Le lecteur va faire une traversée de sensibilité avec toujours l’espoir d’y trouver un miroir, une ouverture sur la terre matérielle.
Galizano est une baie.
« Simplement une vapeur de soie
Enveloppe cette crique de Galizano »
Cette anse n’est pas un havre de paix où l’on se retire du monde
« …Qu’elle détruira
Ce qui invite à l’inquiétude. »
On y trouvera plutôt la vitalité, celle qui fait le poème, une douce colère, une paisible rage.
« Qui parle de vendre son âme
Quand les clairons braillent
[…]
Si nos peurs étaient secondaires
Qu’on s’essayait à l’épouvante
Celle de l’autre
Inventerions-nous un langage
Sans négliger aucune offense
Un travail journalier afin de mieux comprendre »
Vitalité associée à la « vigueur d’octobre ».
Le paysage y est beauté et intranquillité entre la mer et la terre, les rouleaux et les arbres, les vagues et le chat, l’air du temps.
« Indécise
Tu oscilles
Tu ne sais plus
Tu ne sais pas
Ce qu’il faudrait
Pour guérir toutes tes enfances
[…]
Pourtant, dans ta gorge on perçoit
Une frêle tonalité
Un brin de rouge dans une esquille
L’avenir va se réchauffer. »
Galizano, c’est ce brin de rouge, la possibilité d’un avenir,… du poème.
« Une gadoue de verbes
Patauge sous les tempes
S’il n’y avait plus ce temps du poème
Pour respirer
[…]
Cependant, sur le bout de la langue
Bredouille une prière d’avenir. »
et ainsi dans la brise et la barque,
« La cuirasse bleue
D’une pensée
Se fendille au bord du sourire. »
Ce recueil à fleur de pensée, de capucines et de cœur, se frotte aux éléments, ouvre une brèche dans l’obscurité du jour et se fend d’un sourire d’avenir.
Michel Lansade
(31/05/24)