Claire a huit ans et la vie n'est pas toujours rose entre deux parents qui se disputent. Pendant les vacances au Pays de Galles, c'est un peu mieux mais dès le retour dans leur petite ville anglaise, la monotonie et les soucis reprennent le dessus.

Pour se distraire, elle se glisse hors du jardin et file jusqu'à une décharge, de l'autre côté d'une petite colline. L'odeur est infecte. Mais quand même il y avait quelque chose qui lui plaisait dans cette décharge. Elle se sentait un peu chez elle, parmi ces objets au rebut. Et puis, de temps en temps, on tombait sur un truc utile.

Et ce jour-là, elle trouve un miroir. Pas vraiment un miroir de poche mais un éclat de miroir ayant à peu près la même taille. Et dans ce morceau de miroir se reflète un magnifique ciel bleu. C'est très étonnant car en levant la tête elle constate que le ciel est toujours aussi gris et chargé de gros nuages. Dans le miroir, elle voit un aigle traverser l'azur alors qu'elle sait pertinemment qu'il n'y a pas d'aigles dans cette région de l'Angleterre. Bizarre, bizarre…

En rentrant chez elle, elle regarde sa maison dans le miroir et ce qu'elle voit ressemble davantage au superbe château qu'elle a construit sur la plage avec plein de coquillages et de décorations.
Elle montre sa trouvaille à sa mère qui ne voit rien de spécial dans le miroir et lui conseille de jeter cette saleté.
Le miroir lui apporte, et à elle seule, une autre image du monde, merveilleuse et riche en couleurs, là où il n'y a que grisaille et banalité.
Dans sa chambre, le petit tigre en peluche posé sur le couvre-lit devient dans le miroir un tigre énorme, aux flancs couverts d'une fourrure douce d'un roux mordoré, que Claire voyait se soulever au rythme du souffle puissant de cette bête splendide.

Comment se faisait-il que le miroir reflète des choses deux fois plus passionnantes et cent fois plus magiques que le quotidien qui l'entourait de toutes parts ? Elle n'y comprenait rien.

Les années passent et peu à peu les images se modifient, deviennent moins fantaisistes, s'adaptant aux goûts et à l'évolution de la fillette entrant dans l'adolescence.

Elle comprend que le miroir lui montre, au fur et à mesure qu'elle grandit, le monde tel qu'il devrait être. Et si elle n'était pas seule à posséder un tel miroir ? Où sont les autres morceaux ? Comment faire pour que le monde devienne vraiment plus beau, plus gai et plus juste ?

Le roman de Jonathan Coe est une fable qui, au fil des pages, devient une intéressante source de réflexion et de questionnements. Si le monde, autour de nous, paraît parfois sombre et triste, peut-être faut-il s'interroger sur ce qui le rend aussi désolant et se demander ce qu'on peut faire pour le rendre meilleur… Voilà un livre positif et encourageant à mettre au plus vite entre toutes les mains.

Une très belle illustration en couleur de Chiara Coccorese accompagne chacun des dix chapitres du roman.