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François DAVID & Henri GALERON


Une petite flamme dans la nuit



Nous sommes plongés dans un univers concentrationnaire où une femme, Moune, murmure chaque soir une histoire à l'oreille de la petite Lila pour l'aider à s'endormir. Face à la violence d’un despote prêt à tout pour garder son pouvoir, nous sentons comment l’amour de Moune peut combattre pour préserver Lila et lui donner la possibilité de dormir donc de garder ses forces et ainsi de pouvoir résister à l’horreur :
« – Ici, ne pas dormir, c’est mourir, dit la femme. Je vais t’aider.
– Personne ne peut m’aider, dit l’enfant.
– Je connais une histoire, dit la femme. Colle tes oreilles sur ma bouche pour que la surveillante n’entende pas. »

Le monde est un éternel recommencement d’atrocités qui sévissent dans différents lieux de la terre. Ne pas baisser les bras, préserver la solidarité, ne jamais oublier que le conte, la littérature, la parole peuvent aider à survivre. Beaucoup de témoignages de prisonniers révèlent qu’ils ont pu ne pas sombrer grâce à un livre qu’ils ont lu ou relu, grâce à des histoires qu’ils ont inventées ou à des histoires qu’ils connaissaient et qu’ils ont pu partager. Moune raconte des histoires à Lila qui ensuite pourra les raconter à Zoé qui elle-même pourra les raconter à d’autres pour se sauver de la barbarie.

S’intercalent un dialogue entre Moune et Lila dans la réalité du camp et les histoires racontées chaque soir. Celles-ci sont violentes mais traduisent ce que peut être la vie dans une dictature et quels sont les moyens de pouvoir y échapper :
« – Je ne vous fais donc plus peur ? demanda le Suprême en se tournant vers ses sujets.
Il déclencha à l’instant une salve de rires encore plus puissante. Alors le Suprême tomba sur son trône et se mit à pleurer. Il ne s’arrêta plus. Et il en mourut.
Le jouir de son enterrement, tut le monde riait, riait, riait encore. »

Sous forme de conte, elles instillent de l’espoir dans la tête de Lila qui trouve ainsi le sommeil même si parfois ce n’est pas facile.

Un livre très fort qui peut sembler dérangeant mais ne laisse pas indifférent. Les illustrations en gris, noir et blanc renforcent ce sentiment d’univers carcéral redoutable. Elles se mêlent parfaitement au texte soit en bas de page, soit au cœur du texte ce qui donne l’impression d’être avec Moune et Lila.

Chaque soir, les journaux télévisés montrent et détaillent les horreurs du monde réel. Il est essentiel de pouvoir en parler avec les adolescents qui ne peuvent rester dans l’ignorance pour leur montrer que l’humain est primordial. Une petite flamme dans la nuit est la preuve que la littérature a pleinement son rôle à jouer et que l’espoir persiste  malgré tout.

Brigitte Aubonnet 
(11/07/15)    



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Jeunesse








Bayard Poche

J'aime lire n°277
112 pages - 5,90 €

Dès 10 ans




Texte
François DAVID


Illustrations
Henri GALERON