Retour à l'accueil du site





Horace ENGDAHL

La Cigarette et le Néant



Et pour tuer le temps, en attendant la mort,
Je fume au nez des dieux de fines cigarettes.

Jules Laforgue (La Cigarette)

On peut fumer sans modération de cette cigarette-là. Griller tout le paquet d'un coup parce qu'on a été en manque et/ou déguster : s'arrêter, regarder les volutes, reprendre, une bouffée par-ci, une taffe par-là, c'est recommandé pour la gymnastique du cerveau : lire, réfléchir, ça ne peut pas faire de mal.

Sur l'engagement, le temps qui use, l'écriture, la morale, l'appropriation du savoir, l'amour, l'amitié, l'art, l'auteur, en de lapidaires maximes ou des exposés de plusieurs pages, nous livre quelques-unes de ses réflexions qu'on aurait bien aimé formuler aussi élégamment et justement.

Comme un collier dont on aurait cassé le fil, on peut reprendre chaque texte, dans le désordre, comme une perle solitaire et en admirer la taille, l'éclat, l'évidente transparence ou au contraire l'obscur repliement et surtout écouter la résonnance qu'il laisse en nous.

Les amis : autant de portes ouvertes sur le monde, que la vie mure l'une après l'autre, inexorablement. Chaque fois qu'un ami meurt, la porte se rouvre, mais seulement sur la pièce où, jadis, nous étions jeunes.

On parle du nombre de victimes qu'a fait la politique au XXe siècle. Et si c'était son absence qui les avait tuées ? Ce n'est pas la politique qui est dangereuse, mais l'idée qu'elle peut être remplacée par quelque chose de plus vrai, de plus définitif.

Pour la couleur, le goût, le parfum, la sonorité, ces deux exemples échappés de cette boîte sans fond, juste pour donner envie d'aller y piocher et peut-être tailler ses propres petits cailloux…

Sylvie Lansade 
(25/02/14)    



Retour
Sommaire
Lectures












Serge Safran

(Février 2014)
184 pages - 17 €




Traduit du suédois
sous la direction
d'Elena Balzamo