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Et pour tuer le temps, en attendant la mort, On peut fumer sans modération de cette cigarette-là. Griller
tout le paquet d'un coup parce qu'on a été en manque et/ou déguster
: s'arrêter, regarder les volutes, reprendre, une bouffée par-ci,
une taffe par-là, c'est recommandé pour la gymnastique du cerveau
: lire, réfléchir, ça ne peut pas faire de mal. Sur l'engagement, le temps qui use, l'écriture, la morale, l'appropriation
du savoir, l'amour, l'amitié, l'art, l'auteur, en de lapidaires maximes
ou des exposés de plusieurs pages, nous livre quelques-unes de ses réflexions
qu'on aurait bien aimé formuler aussi élégamment et justement. Comme un collier dont on aurait cassé le fil, on peut reprendre chaque
texte, dans le désordre, comme une perle solitaire et en admirer la taille,
l'éclat, l'évidente transparence ou au contraire l'obscur repliement
et surtout écouter la résonnance qu'il laisse en nous. Les amis : autant de portes ouvertes sur le monde, que la vie mure l'une
après l'autre, inexorablement. Chaque fois qu'un ami meurt, la porte
se rouvre, mais seulement sur la pièce où, jadis, nous étions
jeunes. On parle du nombre de victimes qu'a fait la politique au XXe siècle.
Et si c'était son absence qui les avait tuées ? Ce n'est pas la
politique qui est dangereuse, mais l'idée qu'elle peut être remplacée
par quelque chose de plus vrai, de plus définitif. Pour la couleur, le goût, le parfum, la sonorité, ces deux exemples
échappés de cette boîte sans fond, juste pour donner envie
d'aller y piocher et peut-être tailler ses propres petits cailloux
Sylvie Lansade |
Sommaire Lectures Serge Safran (Février 2014) 184 pages - 17 € Traduit du suédois sous la direction d'Elena Balzamo |
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