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Katherine habite Belfast en 1969, une période où la ville s’embrase quotidiennement au rythme des attentats, des cocktails Molotov ou des bus qui brûlent. Mais ce n’est pas ce chaos que l’auteur a placé au cœur du roman, c’est plutôt celui qui agite l’esprit de Katherine malgré l’apparente tranquillité de son existence. Comment se termina cette liaison ? Pourquoi a-t-elle tout de même épousé George ? En ont-ils parlé ? Ce sont les réponses à toutes ces questions qui sont distillées au rythme de l’alternance des chapitres où Katherine passe d’une époque à l’autre, de la folle passion de ses vingt ans au calme bonheur d’aujourd’hui avec cette interrogation en permanence : où en sont-ils de leur amour, George et elle ? George est ingénieur mais aussi pompier volontaire et les émeutes en ville le mobilisent souvent. De jour comme de nuit, il guette la sonnerie du téléphone qui va à nouveau le jeter dans le brasier. Katherine et George ont quatre enfants. L’aînée, Maureen, est à l’âge des premiers émois amoureux. Elle a jeté son dévolu sur Richard Marr, le voisin d’en face, qui ne semble pas vraiment s’en apercevoir. Maureen se demande comment on sait quand on est amoureux. Elle est aussi freinée dans ses élans par le poids de la religion. Comme le répète sa sœur Elizabeth : « Les bonnes sœurs ont dit que si t’embrasses quelqu’un, alors tu dois forcément te marier avec, parce que personne d’autre voudra de toi… » La troisième fille, Elsa, vit une relation amicale compliquée avec Isabel, imbue de sa personne et méprisante, issue d’une famille protestante, qui ne manque pas une occasion de rappeler que la famille d’Elsa est la seule famille catholique de la rue. Le quatrième enfant est un garçon, Stephen, encore presque un bébé. En alternance avec les souvenirs de la liaison de Katherine vingt ans plus tôt, c’est la vie de cette famille que nous suivons au fil du roman, famille catholique dans un quartier protestant, inquiète par l’escalade de la violence qui mobilise George de plus en plus souvent la nuit pour aller éteindre les incendies qui enflamment la ville. Les personnages attachants, les interrogations de Katherine, l’atmosphère de Belfast au début du conflit nord-irlandais font de ce roman une chronique riche en passions – amoureuse, religieuse, politique – qui menacent en permanence l’équilibre et la sérénité dans lesquels les parents essaient d’élever leurs enfants. On reste accroché au texte jusqu’aux derniers chapitres qui apportent les réponses aux questions posées au fil des pages. Un premier roman très abouti. Espérons que d’autres suivront… Serge Cabrol (24/03/16) |
Sommaire Lectures La Table Ronde Quai Voltaire (Janvier 2016) 288 pages - 21 € Traduit de l'anglais (Irlande) par Anouk Neuhoff
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