Nous voguons d'un point de vue à l'autre, d'une analyse à une recherche. Nous suivons les pas de Jason Murphy qui dans ses poèmes exprimait son mal de vivre et que Madeleine, jeune étudiante, va suivre jusqu'à San Francisco où nous atterrissons avec elle.

Les histoires d'amour et de sexe s'entrecroisent avec tout ce que nous apprenons sur Jason Murphy ou Louise Labé, sujet de thèse de Christophe, l'amant de Madeleine : Elle lui parlait de Murphy, le plus dispendieux et le plus abondant des poètes, celui qui lançait tout aux quatre vents, et Christophe lui répondait par la voix strictement comptée de Louise, la plus économe, la plus mesurée, la plus tenue.

Quelques clins d'œil aussi, l'un à la veuve Wasserman, personnage d'un précédent recueil de nouvelles de Paul Fournel et l'autre à l'Oulipo, dont Paul Fournel est le président, puisque Harry Mathews, membre de l'Oulipo, s'interroge dans un article en disant : "Jason Murphy plagiaire par anticipation de l'Oulipo ?" Nous y retrouvons l'empreinte de Raymond Queneau.

C'est un très beau voyage qui nous montre la complexité de l'acte de création, les doutes qui s'immiscent dans les moindres interstices et le résultat qui se situe toujours dans la recréation de la réalité. Où est le vrai, où est le faux ? Où est le mythe ? Où est la réalité ? Les deux se confondent en mêlant vérité et mensonge pour créer différents univers grâce à une alchimie passionnante.

Un roman très bien rythmé où l'écriture fluide et pleine d'humour chante un véritable hymne à la création littéraire.

Brigitte Aubonnet 
(22/08/13)